Edito. Une stabilité nécessaire

Le mouvement enregistré par le dirham en août dernier est passé presque inaperçu. Pourtant, l’appréciation de la monnaie nationale face au dollar, portée à la fois par un euro renforcé et une meilleure liquidité sur le marché local, n’est pas anodine. Derrière ce glissement technique, c’est une photographie plus large du marché des changes qui se dessine.
Le dollar a reculé, fragilisé par une Fed contestée et par une série d’indicateurs économiques décevants. L’euro, de son côté, a profité de cette perte de vitesse, ce qui s’est automatiquement répercuté sur la pondération du panier de référence du dirham.
À cette dynamique externe s’ajoute une amélioration domestique. Les flux de devises se sont, en effet, rééquilibrés grâce à des exportations plus solides, à des transferts MRE soutenus et à une baisse relative des sorties liées aux importations. Mais est-ce une simple parenthèse technique ou un signal plus profond pour la trajectoire future du dirham ?
Pour l’instant, Bank Al-Maghrib reste prudente et n’annonce aucun changement de cap. Mais le fait que la devise nationale se soit renforcée sans intervention particulière de la Banque centrale mérite d’être relevé. Cela traduit une réactivité nouvelle du marché, qui pourrait servir de base à une réflexion plus poussée sur la transition vers un régime de change plus flexible.
L’épisode d’août ne constitue pas une rupture, mais il rappelle que le dirham est désormais davantage en phase avec les réalités des flux monétaires, qu’ils soient externes ou internes. C’est une évolution discrète, mais significative. Reste à savoir si cette tendance se prolongera pour s’inscrire dans le calendrier d’une réforme attendue mais encore entouré d’incertitudes.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO