Éco-Business

Startups : l’écosystème marocain a encore du chemin à faire

L’écosystème marocain des startups prend de l’ampleur, porté par une nouvelle génération d’entrepreneurs et des levées de fonds en hausse. Inyad, Yakeey ou encore Agenz tirent leur épingle du jeu dans un paysage encore jeune, mais dynamique. Avec un classement mondial en progression, Casablanca en fer de lance, et des soutiens publics et privés croissants, le Maroc s’affirme comme un acteur technologique émergent en Afrique du Nord. Mais des défis structurels freinent encore son envol.

L’écosystème marocain des startups continue de se développer. Et les levées de fonds se multiplient. Qui sont ces jeunes pousses qui séduisent les investisseurs nationaux et étrangers ? Que valent-elles ? Où en est l’écosystème sur l’échiquier mondial ? Le classement de septembre, effectué par StartupBlink, positionne Inyad à la première place au niveau national, avec un score de 451.

La startup est spécialisée dans la création d’applications mobiles qui permettent aux petites et moyennes entreprises d’améliorer leurs ventes, de rationaliser leurs opérations et de favoriser leur croissance. Elle occupe également la 19e place en Afrique du Nord.

Depuis sa création, Inyad a bouclé, en tout, quatre rounds de financement. Le dernier (série A) lui a permis de sécuriser un financement de six millions de dollars en juillet 2024. Au total, la startup a levé 14 millions de dollars depuis son démarrage et compte huit investisseurs dont les principaux sont LocalGlobe, Partech, FJ Labs, VentureSouq, Al Mada Ventures. Yakeey arrive deuxième du classement marocain (score : 430) et 27e en Afrique du Nord. Elle occupe également le premier rang au niveau national sur le segment Ecommerce & retail.

La startup est une plateforme sous forme de guichet unique, visant à transformer l’expérience immobilière en simplifiant les processus d’achat, de vente et de location de biens. Cette simplification des transactions les rend plus accessibles et conviviales pour l’ensemble des acteurs du marché immobilier. Yakeey a effectué deux rounds de levées de fonds jusqu’ici, avec comme investisseur principal Enza Capital, fonds d’investissement en capital-risque orienté vers les startups utilisant la technologie pour résoudre des problèmes importants et significatifs à travers l’Afrique.

La troisième place du podium revient à Agenz, startup marocaine d’évaluation immobilière, avec un score de 422 (29e en Afrique du Nord). Au total, elle a réalisé trois levées de fonds depuis sa création pour un total de 1,9 million de dollars.

La première levée date de décembre 2021, la deuxième de juillet 2023 et la dernière d’octobre 2024. Parmi ses principaux investisseurs, on retrouve Azur Innovation Fund et Renew Capital.

Pour sa part, Cathedis occupe la 4e place du classement. Avec un score de 395, la startup, spécialisée dans la livraison et warehousing, arrive 44e en Afrique du Nord. Depuis son lancement, elle a levé 1,7 million de dollars en quatre temps : le premier en mai 2020, deux autres en janvier 2023 et le dernier en octobre 2024.

Beltone Venture Capital, Afri Mobility, CDG Invest, 212 Founders et BMCE Capital sont ses principaux investisseurs. De son côté, Guichet.ma boucle le top 5 des startups marocaines, avec un score de 365. Cette plateforme de billetterie en ligne pour divers événements a levé jusqu’ici 309.000 dollars.

Que vaut cet écosystème sur l’échiquier mondial ?
Les startups marocaines ont levé 176,9 millions de dollars en 2024. À titre de comparaison, les startups américaines en ont levé 188,1 milliards ! Le Royaume compte trois villes dans le top 1.000, Casablanca et Rabat s’inscrivant dans une dynamique positive. Il gagne ainsi quatre places par rapport à 2024 pour atteindre la 88e place mondiale et conserve sa 3e place en Afrique du Nord.

Le pays dispose d’un écosystème relativement centralisé à Casablanca, avec un score total plus de 6,5 fois supérieur à celui de Rabat, deuxième au classement (Agadir arrive troisième). Casablanca poursuit sa dynamique positive de l’année dernière, grimpant de 42 places dans le classement mondial pour se classer 317e. Son excellent taux de croissance (plus de 40%) la rapproche du top 300 mondial. Rabat, elle, gagne sept places pour atteindre la 811e place avec un fort taux de croissance (plus de 20%).

Par contre, Agadir risque de sortir du top 1.000 mondial avec un taux de croissance négatif. Selon les auteurs du rapport, l’écosystème des startups marocaines offre une base abordable et stable aux entrepreneurs qui souhaitent pénétrer le marché nord-africain. Avec une population jeune et férue de technologie et une connectivité numérique croissante, le pays est en passe de devenir un pôle d’innovation majeur dans la région.

Parmi les réussites notables citées dans le rapport, les acquisitions de startups telles que DabaDoc, Moteur.ma et WaystoCap. Autres exemples de levées de fonds, celle de 1,5 million de dollars, réalisée en 2023 par Terraa, plateforme de distribution alimentaire B2B, lors d’un tour de financement de pré-amorçage. Une levée qualifiée de «la plus importante» du genre au Maroc à ce jour.

Menée par FoodLabs, elle a vu la participation d’UM6P Ventures, Outlierz Ventures, Musha Ventures et DFS Lab. Côté valorisation, Chari, plateforme de e-commerce et de vente au détail B2B, se démarque du lot pour avoir atteint 100 millions de dollars lors d’un tour de financement relais, marquant une étape importante dans le paysage des startups du pays.

Des initiatives qui accélèrent le développement de l’écosystème
Afin de favoriser la croissance entrepreneuriale, expliquent les auteurs, le Maroc accueille GITEX Africa. Plus grand événement technologique de la région, il attire PME, startups, développeurs, investisseurs et universitaires.

Le rapport rappelle également les initiatives gouvernementales, qui apportent un soutien sous forme d’exonérations fiscales pour les sociétés nouvellement créées et le programme Maroc PME, qui promeut les petites et moyennes entreprises. En outre, souligne le document, en 2022, le gouvernement a lancé MoroccoTech, une marque nationale visant à promouvoir le secteur numérique et à positionner le Royaume comme un pôle numérique international.

«Fort de cette dynamique, la stratégie Maroc Digital 2030 a été lancée, allouant 240 millions de DH pour soutenir les startups locales et faciliter leur expansion internationale», rappellent les auteurs.

De leur côté, des organisations à but non lucratif comme StartUp Maroc s’engagent également à promouvoir l’entrepreneuriat dans le pays. Les Technoparks, implantés à Casablanca, Agadir, Rabat et Tanger, soutiennent la création et la croissance d’entreprises dans les secteurs des TIC, des technologies vertes et des industries culturelles.

Par ailleurs, note le rapport, le Maroc dispose de plusieurs fonds d’investissement pour les startups, dont UM6P Ventures et Maroc Numeric Fund. UM6P Ventures, la branche d’investissement de l’Université Mohammed VI Polytechnique, gère deux fonds : l’un dédié aux startups de transformation numérique et l’autre aux startups Deeptech, investissant dans des startups en phase de pré-amorçage et d’amorçage dans divers secteurs.

Pour sa part, le fonds Innov Invest, créé en collaboration avec des entités telles que la Banque mondiale et l’Union européenne, vise à améliorer l’accès au financement des PME et des startups, positionnant ainsi le Maroc comme un pôle régional d’innovation. Les startups sociales et environnementales ne sont pas en reste. Impact Lab, basé à Casablanca, constitue un pôle important de soutien qui leur est dédié.

Le rapport note cependant que malgré ces initiatives, l’écosystème startup marocain est confronté à des défis qui freinent sa croissance. Parmi eux, figurent des problématiques économiques et sociales telles que l’accès limité à l’éducation et aux soins de santé, les inégalités entre les sexes, ainsi que l’insuffisance du financement et de la législation, dédiés aux startups. Et de conclure qu’il est «crucial de lever ces obstacles pour libérer le plein potentiel des entrepreneurs marocains et leur permettre d’avoir un impact significatif sur leurs écosystèmes locaux».

Côté compétences techniques, les auteurs soulignent l’existence d’un bassin de jeunes qui deviennent des freelances de haut niveau, ce qui leur permet d’acquérir une expertise reconnue auprès de clients internationaux. Un socle de connaissances qui pourrait être exploité pour former la prochaine génération de startups nationales.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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