PLF 2026 : le cap résolument mis sur l’infrastructure

Le PLF 2026 s’inscrit dans la continuité d’une politique d’investissement public ambitieuse. Si l’effort budgétaire traduit une vision stratégique forte, il soulève néanmoins la question de la soutenabilité et du rendement à moyen terme. L’enjeu n’est plus seulement de construire, mais de transformer ces infrastructures en leviers de performance, capables de concilier croissance, emploi et durabilité.
Avec un investissement public de 380 milliards de dirhams, le Projet de Loi de Finances 2026 confirme la continuité d’une stratégie où l’État demeure le moteur central de la croissance. L’ambition affichée est de moderniser les réseaux de transport, renforcer la compétitivité logistique et consolider les fondations d’un développement durable à long terme. À l’approche d’échéances internationales majeures, notamment la Coupe du monde 2030, le Maroc entend franchir une nouvelle étape dans la transformation de ses infrastructures.
Infrastructures routières
L’effort budgétaire se concentre ainsi sur les infrastructures routières, un secteur vital pour la cohésion territoriale et l’activité économique. Le gouvernement prévoit le lancement de la voie express reliant Aïn Aouda à Oued Zem, un axe de 127 kilomètres estimé à 1,9 MMDH, dont plus d’un milliard sera programmé dès 2026.
Parallèlement, la mise à niveau de la route nationale RN7 se poursuit dans les provinces de Taroudant et d’Al Haouz, pour un coût global dépassant 665 MDH. Les liaisons avec le port Nador West Med, infrastructure stratégique pour le commerce international, bénéficieront d’un financement partiel de la Banque mondiale et mobiliseront 2,4 MMDH supplémentaires. L’État continue également de soutenir les projets contractualisés avec les régions, pour un montant global de 19,4 MMDH.
Le Fonds spécial routier, doté de 2 MMDH, sera consacré à la maintenance et à la sécurisation du réseau existant. L’investissement autoroutier s’inscrit, quant à lui, dans une logique de continuité et d’adaptation à la croissance urbaine. La poursuite des travaux de l’autoroute continentale Rabat-Casablanca, dont le coût avoisine 7 MMDH, illustre la volonté de fluidifier le trafic sur l’un des axes économiques majeurs du pays.
L’autoroute Tit Mellil–Berrechid, déjà achevée à près de 86%, et le projet Guercif–Nador, estimé à 7,8 MMDH, traduisent la dynamique d’aménagement du territoire et la volonté de désenclaver les régions de l’Oriental. En matière de sécurité routière, la stratégie nationale 2017-2026 poursuit son objectif ambitieux de réduire le nombre de décès liés aux accidents de la route à moins de 1. 900 par an.
L’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA) intensifie la mise en œuvre du programme « Safe Autocar», doté de 600 MDH, visant à renouveler le parc de transport public des voyageurs et à moderniser les équipements de sécurité.
Les programmes de prime à la casse et de renouvellement des véhicules professionnels sont maintenus, tandis que les campagnes de sensibilisation et la digitalisation des services visent à ancrer une culture de sécurité durable sur les routes. Le secteur portuaire, pilier du commerce extérieur, occupe une place centrale dans le PLF 2026.
L’effort portera notamment sur la poursuite du chantier du Nouveau Port Dakhla Atlantique, dont le coût global atteint 13 MMDH, ainsi que sur le lancement de son extension dédiée à la filière de l’hydrogène vert, pour un investissement additionnel de 1,24 MMDH. L’État prévoit également d’achever l’extension des ouvrages de protection du port de Casablanca et d’engager des travaux de protection du littoral à Salé.
Les leviers de la compétitivité
Sur le plan ferroviaire, la dynamique se poursuit dans le cadre du protocole d’accord État–ONCF signé en 2025, qui prévoit 96 MMDH d’investissements à l’horizon 2030. Le prolongement de la ligne à grande vitesse jusqu’à Marrakech, le développement de services RER dans les grandes régions métropolitaines et l’acquisition de nouveaux trains traduisent la volonté d’un réseau ferroviaire moderne, compétitif et durable.
L’année 2026 sera également marquée par la poursuite des travaux d’infrastructure sur les tronçons stratégiques de la future LGV, ainsi que par la construction de gares de nouvelle génération à Casablanca, Benslimane et à l’aéroport Mohammed V. Ces chantiers incarnent la mutation d’un réseau désormais pensé comme levier de compétitivité et de durabilité, tout en préparant la logistique ferroviaire à l’horizon de la Coupe du monde 2030. Le transport aérien s’inscrit dans cette même dynamique de modernisation.
Le protocole d’accord 2025-2030 signé avec l’Office national des aéroports, d’un montant de 25 MMDH, prévoit la construction d’un nouveau terminal hub à Casablanca, la rénovation des aéroports de Marrakech, Agadir, Fès et Tanger, ainsi que la mise en place d’infrastructures intermodales connectées à la LGV.
La flotte nationale sera renforcée pour répondre à la demande croissante liée à l’essor du tourisme et aux grands événements à venir. Maillon essentiel de la compétitivité économique, la logistique sera renforcée à travers la réalisation des zones d’Ouled Saleh et d’Aït Melloul, tout en préparant le lancement des plateformes de Zenata et de Dakhla, par l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL). Ces zones visent à fluidifier les échanges, réduire les coûts de transport et renforcer l’intégration entre les ports, les routes et les réseaux ferroviaires.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO







