Éco-Business

Mine polymétallique de Goundafa : Steadright mise sur le Maroc

Le Maroc attire un nouvel acteur international dans le domaine des métaux critiques. Le groupe canadien Steadright Critical Minerals a signé un protocole d’accord pour l’acquisition potentielle de la mine historique de Goundafa, dans le Haut-Atlas. Ce projet, qui vise à redonner vie à un gisement polymétallique de cuivre, plomb, zinc, argent et or, s’inscrit dans un contexte mondial de ruée vers les ressources stratégiques nécessaires à la transition énergétique.

Le groupe canadien Steadright Critical Minerals se tourne vers le Maroc pour développer un projet minier d’envergure. La société a annoncé avoir signé un protocole d’accord avec la Société commerciale et minière du sahara (CMS), pour l’acquisition potentielle de la mine historique de Goundafa, un site polymétallique riche en cuivre, plomb, zinc, argent et or. Ce partenariat ouvre la voie à une nouvelle phase d’investissement dans le secteur minier, au croisement des enjeux industriels et énergétiques mondiaux.

Un projet qui ressuscite une légende minière
Située dans la province d’Al-Haouz, au cœur du Haut-Atlas, la mine de Goundafa fait partie du patrimoine minier marocain. Selon les informations citées par Steadright, exploitée dès 1926 par la Société des mines de Goundafa (SMG), la mine fut durant plusieurs décennies l’un des sites les plus prometteurs du pays. Les archives indiquent qu’en 1928, environ 2.000 tonnes de minerai avaient été extraites, affichant des teneurs exceptionnelles de 22,13% en zinc et 11,31% en plomb.

Abandonnée dans les années 1950, la mine conserve encore ses galeries, ses bâtiments techniques et une partie de ses infrastructures, témoins d’un passé industriel prospère. Pour Steadright, cette base historique représente un atout stratégique, celui de relancer un site déjà caractérisé sur le plan géologique, dans un environnement minier favorable et à proximité d’axes d’accès existants.

Le protocole d’accord signé avec CMS permet à Steadright d’acquérir jusqu’à 100% du projet. Le permis, qui couvre environ 1.600 hectares, est d’ores et déjà en règle sur les plans minier et environnemental. L’accord prévoit une période de vérification préalable de trois mois, assortie d’un dépôt non remboursable de 500.000 dollars américains, suivie d’un paiement de 8 millions de dollars et de l’émission de 9% des actions de Steadright, ainsi qu’une redevance de 1% sur le chiffre d’affaires net.

L’objectif est de redéfinir le potentiel minéral du gisement à travers des campagnes de forage modernes et valider les données historiques selon les normes internationales.

Des ressources prometteuses à confirmer
Un rapport technique et financier daté de 2022 évoque des ressources conceptuelles estimées à 6,62 millions de tonnes de minerai, avec des teneurs moyennes de 2,1% en zinc, 1,8% en plomb et entre 1,5% et 2,1% en cuivre. Certaines zones présentent également jusqu’à 3,5 grammes d’or par tonne.

Les premières études suggèrent que le gisement pourrait s’étendre bien au-delà des zones historiquement exploitées, notamment jusqu’à 800 mètres de profondeur. Si ces estimations se confirment, Goundafa pourrait se positionner comme l’un des gisements polymétalliques les plus prometteurs du Maroc, à la croisée des besoins industriels et de la transition énergétique mondiale.

Ce projet illustre la place croissante du Maroc dans la géopolitique minière mondiale. Le pays dispose d’un sous-sol particulièrement riche, allant des phosphates aux minerais de base comme le cuivre, le cobalt ou le manganèse, et attire désormais des acteurs internationaux cherchant à sécuriser leurs approvisionnements.

Le cadre réglementaire, jugé stable et attractif, ainsi que les efforts du gouvernement pour moderniser le code minier et encourager la prospection, renforcent l’intérêt des investisseurs étrangers. En s’implantant au Maroc, Steadright s’inscrit dans une logique de diversification géographique et de valorisation durable des métaux stratégiques, indispensables à l’électrification et à la décarbonation de l’industrie mondiale.

Une stratégie orientée vers la durabilité et la valeur ajoutée
Pour Steadright, spécialisée dans les métaux critiques et les projets polymétalliques, le choix du Maroc marque une étape décisive dans son développement international. La société cherche à combiner un potentiel minéral élevé avec un environnement géopolitique sûr et une ouverture aux investissements étrangers. L’entreprise prévoit d’engager rapidement des travaux de cartographie, de sondages et d’échantillonnage pour établir un modèle géologique précis du gisement.

L’objectif est de produire, à moyen terme, une estimation de ressources conforme aux standards internationaux et de poser les bases d’un projet économiquement viable et respectueux de l’environnement. Les défis restent nombreux : la validation des ressources, la mise à jour des infrastructures, le financement et la conformité environnementale. Mais l’équation est prometteuse. Si les travaux confirment le potentiel du gisement, Goundafa pourrait devenir un maillon clé du portefeuille de Steadright et un nouvel exemple de coopération réussie entre le Maroc et les investisseurs étrangers dans le secteur minier.

En attendant les premiers résultats de la phase d’exploration, l’annonce de ce partenariat réactive l’intérêt pour un site à la fois historique et stratégique. Goundafa, endormie depuis près de soixante-dix ans, pourrait bien redevenir l’un des symboles de la renaissance minière marocaine à l’ère des métaux critiques.

Entre mémoire industrielle et ambition stratégique

Au-delà des considérations techniques, Goundafa porte une dimension symbolique, celle d’un retour à la vie d’un site minier qui a marqué l’histoire du Haut-Atlas. Les populations locales, longtemps liées à cette activité, pourraient bénéficier d’une nouvelle dynamique économique à travers l’emploi, la formation et les retombées locales du projet.

Dans un contexte où les métaux critiques deviennent des leviers de souveraineté économique, le Maroc apparaît comme un partenaire stratégique naturel. L’intérêt manifesté par Steadright vient conforter cette position, tout en témoignant d’une confiance renouvelée dans la stabilité et l’attractivité du pays.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



Mesures fiscales : ce qui attend les entreprises


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page