Aérien. Mehdi Bennour : “Le marché allemand est loin d’avoir livré tout son potentiel”

Mehdi Bennour
Représentant régional de la RAM en Allemagne et en Autriche
Avec l’ouverture de la ligne Casablanca–Munich, Royal Air Maroc affine son maillage européen et confirme ses ambitions sur le marché allemand, le plus vaste d’Europe en termes de volume passagers. Entretien avec Mehdi Bennour, représentant régional de la compagnie en Allemagne et en Autriche, qui détaille les leviers de croissance du transporteur aérien national.
Le lancement de la ligne Casablanca–Munich s’inscrit-il dans une logique de renforcement des relations économiques entre le Maroc et l’Allemagne ?
Le retour à Munich était envisagé depuis longtemps. La Bavière est dotée d’un tissu industriel dense et d’une population à forte mobilité. C’est aussi un point d’accès naturel pour le nord de la Suisse et l’ouest de l’Autriche. Nous avions déjà identifié une demande soutenue, mais les contraintes de flotte avaient retardé le projet.
Avec la réception récente de dix nouveaux appareils, nous avons pu redéployer des capacités vers le marché allemand. L’objectif est triple : encourager les échanges touristiques, renforcer les flux économiques et stimuler la dimension culturelle, car les Allemands sont des voyageurs curieux, attentifs à la découverte.
Avec cette deuxième liaison régulière, après Francfort, le marché allemand est-il désormais mature pour Royal Air Maroc ?
C’est une première étape. Le marché allemand est vaste et décentralisé. Les flux ne se concentrent pas sur un seul aéroport, comme ailleurs en Europe. Outre Francfort, Munich, Berlin, Düsseldorf ou Hambourg présentent chacun un potentiel distinct. Nous avançons de manière progressive. Les fréquences sur Munich seront renforcées dès l’année prochaine, et d’autres destinations viendront, selon l’évolution de la demande. L’idée n’est pas de saturer le marché, mais de l’accompagner dans sa croissance naturelle.
Vous êtes en charge du développement du réseau sur l’Europe centrale. Le rétablissement de la liaison entre Casablanca et Vienne est-il envisagé ?
Tout à fait. La liaison Casablanca–Vienne existait avant la pandémie et sera réactivée à moyen terme. Nous souhaitons d’abord consolider nos performances en Allemagne avant de revenir sur le marché autrichien, mais il est clair que nous serons de retour à Vienne avant la Coupe du monde 2030.
Comment les accords de code-sharing au sein de l’alliance Oneworld renforcent-ils la connectivité du réseau ?
Sur le marché allemand, Lufthansa domine au sein de Star Alliance, ce qui limite les complémentarités directes. En revanche, nos accords de partage de codes avec Iberia, via Madrid, permettent de relier Munich, Düsseldorf, Hambourg et Berlin à Casablanca sur des itinéraires communs.
Ces flux existaient déjà avant l’ouverture de la ligne directe, ce qui prouve l’existence d’une demande réelle. Par ailleurs, Casablanca reste un hub stratégique pour l’Afrique de l’Ouest. Cette connectivité est bien comprise des aéroports allemands, qui y voient une porte d’entrée naturelle vers le continent africain.
Dans un environnement européen marqué par la concurrence des low-cost, comment Royal Air Maroc préserve-t-elle son positionnement ?
Nous ne jouons pas sur le même registre. Notre produit est reconnu par les tour-opérateurs allemands, qui privilégient la stabilité et la fiabilité à la volatilité des opérateurs à bas coût. Royal Air Maroc, membre de l’alliance Oneworld et classée quatre étoiles Skytrax, garantit des horaires constants et une offre durable. Les TO allemands nous sollicitent déjà pour leurs programmes jusqu’en 2026, voire 2027. Cette relation de confiance est amenée à s’inscrire dans la durée.
La diaspora représente une part importante du trafic estival. Quid de la clientèle allemande ?
Les Allemands apprécient le Maroc tout au long de l’année. Au-delà du tourisme estival, nous observons une demande soutenue pour les circuits culturels. Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech ou encore Agadir restent des destinations prisées.
Grâce à notre réseau domestique, les passagers peuvent prolonger leur séjour vers Agadir, Ouarzazate, Errachidia ou Dakhla. Cette dernière connaît d’ailleurs un engouement croissant auprès des amateurs de kitesurf, qui commencent à délaisser les côtes espagnoles au profit du sud marocain. Et en cela, le hub de Casablanca nous permet d’offrir cette diversité d’accès sur l’ensemble du territoire.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO