C’est pas moi, c’est l’autre !
S’il s’agissait de classer les compétences nécessaires à tout politique pour résister aux levées de boucliers ou aux périodes de tension, l’art de manier le «c’est pas moi, c’est l’autre» et même d’en convaincre la partie adverse serait certainement placé en haut de la liste. C’est cette échappatoire qui vous permet, chaque fois que vous êtes dos au mur, de brandir votre joker et de braquer les projecteurs sur une autre cible. Le mieux, vous diront les experts qui manient habilement ce subterfuge, serait de ne même pas mentionner «l’autre», mais plutôt de le laisser entendre, comme pour souligner l’insuffisance des éléments dont vous disposez pour pouvoir agir dans l’affaire dont il est question.
Dans notre écosystème politique, force est de constater que les talents en la matière ne manquent pas. Combien de dossiers censés être stratégiques et urgents ont longtemps été ballotés dans les couloirs de l’Hémicycle, au gré des jeux de force politiques. L’amendement du Code pénal en est un parfait exemple. Depuis le temps qu’il fait jaser, le sort de ce texte n’est toujours pas tranché, entre ceux qui veulent entériner le nouveau corpus au plus vite et les autres qui rêvent de le voir enterré… mais en apparence, nul n’est responsable du retard. Et, malheureusement, nous pourrions en dire autant de plusieurs autres sujets, celui de la retraite des parlementaires pour ne citer que lui. Ce dossier entrevoit certes le bout du tunnel, mais avant cela, il a longtemps animé les débats sous la Coupole, eu égard aux enjeux qu’il porte. Citons aussi la loi-cadre de l’enseignement, l’éducation et la formation. Celle-ci a suscité les bras de fer les plus tenaces et les renvois de responsabilité, au sein même de la majorité, hypothéquant le bouclage rapide d’une réforme cruciale pour le pays. La liste des exemples cultes peut malheureusement être rallongée à souhait.
Par ailleurs, contexte préélectoral oblige, il y a fort à parier que bien des patates chaudes passeront de main en main au cours des quelques mois qui nous séparent du rendez-vous aux urnes. Tout le monde veut gagner, mais bien peu acceptent d’assumer.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco