Schizophrénie
Le discours politique au Maroc est à la fois pauvre et éloigné des réalités du terrain. En mal de crédibilité depuis les dernières élections déjà, la classe politique n’arrive plus à toucher les bases, adoptant une langue de bois à l’adresse d’une opinion publique de plus en plus avisée. La toile et les réseaux sociaux ont fait montre de cette force jusqu’ici curieusement méprisée, alors qu’elle peut être à l’origine de bien des maux. Le 1er mai était une belle occasion pour mesurer, une nouvelle fois, une autre exception marocaine. En effet, le Maroc est le seul pays où un ministre n’éprouve aucune gêne à manifester lors de la Fête du travail et à tenir un discours incendiaire à l’égard de l’Exécutif ! Ainsi, Saâd-Eddine El Othmani, chef de gouvernement, il faut le rappeler, s’est invité aux manifestations de l’UNTM, bras syndical du PJD, où il a endossé la blouse des ouvriers et opposants revendiquant plus de droits pour la classe ouvrière. Son ministre à la Société civile, porte-parole du gouvernement, a fait mieux. Mustapha El Khalfi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a fustigé le gouvernement et dénoncé la non-prise en compte, par ce dernier, des revendications des syndicats ! C’est une mascarade qui dure depuis des années et qui doit aujourd’hui cesser. Nos politiciens gagneraient à étudier les nouveaux modèles de communication et à respecter les citoyens en préparant leurs allocutions. Point d’improvisation quand on est responsable public : chaque mot pourrait engager tout un gouvernement. Ce qui est en revanche révoltant, c’est que les choses s’aggravent. On passe d’un déficit de com’ à de la schizophrénie.