Maroc

Effet multiplicateur du bâtiment sur l’économie : un dirham investi, 2,36 générés

Moteur de la croissance nationale, le secteur de la construction affiche une vigueur retrouvée. Selon la dernière note de conjoncture du Haut-commissariat au plan, il a progressé de 5% en 2024 et confirme son rôle central dans la relance. Chaque dirham qui y est investi génère 2,36 dirhams de valeur supplémentaire pour l’économie, preuve d’un effet multiplicateur qui irrigue l’ensemble du tissu productif.

Le bâtiment continue de jouer un rôle de premier plan dans la reprise économique du pays. Selon la dernière note de conjoncture publiée par le Haut-commissariat au plan, le secteur a enregistré une hausse de 5% en 2024. Une performance qui s’inscrit dans le sillage de la relance amorcée fin 2023. Cette progression, loin d’être anecdotique, confirme la vitalité retrouvée d’un secteur intimement lié au rythme de l’économie nationale.

En effet, l’adage «quand le bâtiment va, tout va» prend ici tout son sens : chaque million de dirhams (MDH) investi en demande finale dans la construction entraîne 2,36 MDH de production supplémentaire dans l’économie nationale. Autrement dit, chaque chantier ouvert fait travailler bien plus que ses propres murs. Cet effet d’entraînement découle d’un enchevêtrement étroit de relations avec le reste du tissu productif.

Les industries métalliques et non métalliques, l’extraction minière, la chimie, les services financiers ou encore la production d’électricité figurent parmi les dix principaux fournisseurs de la branche. Ensemble, ils assurent près de 70% des intrants nécessaires à son fonctionnement. Ce maillage dense place la construction au centre des chaînes de valeur industrielles et de services, avec un coefficient de liaison domestique de 1,69, indicateur d’une forte intégration dans l’économie interne.

En aval, le secteur irrigue d’autres domaines : immobilier, communication, recherche et développement, mais aussi administration publique. Son coefficient de liaison en aval, légèrement inférieur à la moyenne (1,5 contre 1,9), n’en révèle pas moins son rôle structurant.

À l’échelle internationale, le Maroc se hisse au niveau des grandes économies industrielles : la France (2,45) ou les États-Unis (2,51) affichent des coefficients comparables, preuve de la solidité de ce pilier national. L’historique des données analysées par l’INAC-HCP montre que l’investissement dans la construction suit de près le rythme du PIB. Entre 2000 et 2007, la formation brute de capital fixe (FBCF) du secteur a augmenté en moyenne de 10% par an, soutenant une croissance nationale de 4,2%.

Après 2012, l’essoufflement du crédit à l’habitat et la stabilisation démographique ont cependant ralenti la cadence. Mais après plusieurs années d’essoufflement, la tendance s’est clairement redressée en 2024. Les mises en chantier ont progressé de 24%, portées par la reprise des grands chantiers d’infrastructures et par le regain d’intérêt des opérateurs privés.

Ce rebond marque le retour d’une dynamique que l’on n’avait plus observée depuis près d’une décennie. Cette reprise se lit aussi dans la transformation du parc résidentiel. Les appartements gagnent du terrain dans les zones urbaines : leur part est passée de 17,5% à 24,4% en dix ans.

Dans le même temps, la taille moyenne des logements a reculé de 3,7 à 2,7 pièces, tandis que la proportion de propriétaires est tombée sous la barre des 70%, au profit d’un marché locatif désormais proche de 20%. Ces évolutions traduisent une mobilité résidentielle plus marquée et une adaptation du marché à de nouveaux besoins : des logements plus petits, mieux situés et davantage en phase avec les modes de vie urbains actuels. L’État, de son côté, continue de soutenir la cadence.

Ses programmes d’infrastructures et de logement social maintiennent l’investissement public à flot, même lorsque le cycle ralentit. Ce soutien constant agit comme un amortisseur : il préserve l’élan de la demande et sécurise une part importante des emplois du secteur.

Dans ce nouvel élan d’investissement, la construction s’impose à nouveau comme pilier stratégique. Son influence dépasse largement ses frontières traditionnelles : elle stimule l’industrie, dynamise la logistique et soutient les services. Par sa capacité à rebondir et à s’adapter, le secteur incarne la solidité de l’économie marocaine. On comprend mieux alors pourquoi l’on dit que quand «le bâtiment se relève, c’est tout le pays qui repart».

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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