Maroc

Connectivité, 5G et e-gouvernement : Amal El Fallah Seghrouchni fait le bilan de la transformation numérique

Lors de son intervention lundi à la Chambre des représentants, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre de la Transition numérique, a fait le point sur la stratégie «Maroc Digital 2030» et son déploiement. Cette stratégie, axée sur la réduction de la fracture numérique et la modernisation administrative, inclut aussi l’extension de la couverture 4G en milieu rural, le déploiement de la fibre optique et l’avènement de la 5G (avec 80 milliards de dirhams d’investissements). Elle vise également la digitalisation de plus de 600 services publics via des portails comme «E-services» et «Idarati». Parallèlement, le gouvernement œuvre à l’élaboration d’une nouvelle stratégie anticorruption et au renforcement du cadre juridique de la digitalisation.

Intervenant, lundi 13 octobre, à la Chambre des représentants, Amal El Fallah Seghrouchni, la ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a souligné que le gouvernement accorde une grande importance à la réduction de la fracture numérique à travers la généralisation de la couverture Internet et mobile dans le monde rural.

En réponse à trois questions orales portant sur ce sujet, la ministre a dévoilé que dans le cadre du déploiement du Plan national de développement du haut et très haut débit, la première phase de cette feuille de route (2018-2024) a permis de couvrir 10.660 zones sur un total de 10.740, avec des services de communication de deuxième, troisième et quatrième générations (2G, 3G, 4G).

Dans la continuité de la mise en œuvre de cette stratégie, la deuxième phase a été lancée. Elle vise à couvrir 1.800 zones rurales supplémentaires, caractérisées par une couverture faible ou inexistante, avec des réseaux 4G d’ici 2026.

Ce projet est soutenu financièrement par le Fonds du service universel des télécommunications. La ministre a insisté sur l’approche participative adoptée pour l’identification de ces zones, impliquant divers acteurs tels que le ministère de l’Intérieur, la Direction générale des collectivités territoriales, les parlementaires, les présidents de communes, les associations et les citoyens. Elle a également annoncé qu’une identification des zones non encore couvertes par la 4G sera finalisée d’ici fin 2025, en coordination avec le ministère de l’Intérieur, afin d’assurer une couverture exhaustive.

Fibre optique : activation du partage des infrastructures
En parallèle, le gouvernement s’est attelé, selon la ministre, au déploiement de la fibre optique à travers l’activation du partage des infrastructures de fibre optique entre les opérateurs, ce qui a eu un impact positif sur les services FTTH (Fiber to the home). Ces derniers ont vu leurs tarifs baisser de 20% et les débits Internet augmenter, atteignant pour la première fois 1 Gbps.

Depuis mai 2025, l’ensemble des infrastructures FTTH des trois opérateurs de réseaux publics de télécommunications est ouvert au partage, favorisant ainsi la diversification des offres et des tarifs pour les consommateurs. De plus, un arrêté ministériel conjoint, adopté en septembre dernier, stipule que les nouveaux équipements et constructions devront désormais être équipés en fibre optique.

Cette décision vise à faciliter l’accès à des services de haute qualité et très haut débit dès la conception des nouveaux immeubles. Pour les régions difficiles d’accès par les réseaux terrestres, l’initiative VSAT (Very small aperture terminal) a été lancée.

Financée par le Fonds du service universel des télécommunications, elle permet à chaque client de bénéficier d’un soutien financier allant jusqu’à 2.500 dirhams pour un abonnement à l’Internet par satellite auprès d’un opérateur agréé. Ce dispositif, limité à 4.000 bénéficiaires par an, garantit une connectivité même dans les zones les plus isolées.

5G : des investissements estimés à 80 MMDH d’ici 2035
Concernant la 5G, la ministre a annoncé l’octroi de trois licences pour l’établissement et l’exploitation de réseaux de télécommunications mobiles utilisant cette technologie. Ces licences devraient considérablement stimuler le marché de l’Internet mobile à très haut débit et sont associées à des investissements estimés à 80 MMDH d’ici 2035.

Le déploiement de la 5G concernera, dans une première phase, certaines villes au cours des prochaines semaines. Le secteur des télécommunications a également été renforcé par l’octroi de licences à deux nouvelles entreprises, issues d’un partenariat entre des opérateurs spécialisés dans l’expansion et le développement des infrastructures passives. Ces entités joueront un rôle crucial pour accompagner le déploiement de la 5G et de la fibre optique à travers le pays.

À noter que ces programmes ont valu au Royaume une reconnaissance internationale. Selon le rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT) de juillet 2025, le Maroc se classe premier en Afrique dans l’indice de développement des technologies de l’information et de la communication (ICT Development Index – IDI), ainsi qu’en matière de connectivité significative.

Maroc Digital 2030 : des projets de loi en préparation
En ce qui concerne la digitalisation des procédures administratives, la ministre a souligné que dans le cadre de la stratégie «Maroc Digital 2030», son établissement pilote plusieurs projets clés. Cela inclut la préparation d’un projet de loi sur la digitalisation des services publics et d’un projet de décret sur les données publiques ouvertes ainsi que le soutien et l’accompagnement de divers secteurs ministériels.

L’objectif est de simplifier et digitaliser des services tels que la rationalisation des candidatures au Baccalauréat (candidats libres), les inscriptions scolaires des enfants et les transferts de propriété de véhicules. Sont également concernées les procédures d’obtention de licences d’exploitation de crèches et l’obtention des aides de l’État relatives à l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu pour les entreprises d’offshoring.

Parallèlement, le gouvernement met en œuvre des portails numériques tels que la référence nationale «E-services», qui compte déjà plus de 600 services numériques et compléte la plateforme nationale d’interopérabilité existante. Des préparatifs sont également en cours pour le lancement de la plateforme «Compte numérique».

En outre, le ministère se concentre sur la promotion de la maturité numérique des administrations publiques, la définition des procédures nécessaires au développement de leurs registres de données administratives et l’octroi d’un soutien financier pour leurs initiatives de digitalisation.

Portail «Idarati» : près de 2.500 décisions administratives
En réponse à une question portant sur les difficultés d’accès aux documents administratifs, la ministre a souligné que dans le cadre de l’activation de la loi 55.19, toutes les administrations s’engagent à documenter et adapter leurs décisions administratives conformément à cette loi.

La première version du portail «Idarati» centralise désormais près de 2.500 décisions administratives. Celles-ci émanent de plus de 120 administrations publiques, incluant ministères, institutions et collectivités territoriales, favorisant ainsi la transparence.

De plus, environ 460 fonctionnaires représentant 105 entités ont été formés à l’utilisation de la plateforme et aux mécanismes de documentation. Le ministère travaille également à la refonte de l’interface «Idarati» pour intégrer de nouvelles fonctions numériques, améliorant ainsi l’expérience des usagers.

Une nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption

Amal El Fallah Seghrouchni a annoncé que le gouvernement s’apprête à lancer une nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption. La ministre a rappelé que gouvernement a poursuivi la mise en œuvre de la stratégie actuelle avec l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption.

Une évaluation de cette stratégie est en cours, matérialisée par des concertations auprès de diverses institutions et acteurs de la société civile, dont Transparency Maroc et le Réseau marocain pour la protection de l’argent public. Ces consultations visent à recueillir les avis et retours d’expérience en vue de l’élaboration de la future feuille de route.

Parallèlement, le ministère a finalisé un rapport de synthèse sur la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la période 2019-2024, destiné à la Commission nationale de lutte contre la corruption. Face aux limites de l’indice de perception de la corruption (IPC), jugé complexe et ne reflétant pas toujours les efforts déployés, le Maroc s’orientera vers les indicateurs d’intégrité de l’OCDE.

Ces derniers, basés sur des données primaires complètes et vérifiées par les gouvernements, offrent une comparaison plus fiable et une identification des meilleures pratiques. La ministre a précisé que l’Exécutif a renouvelé la désignation des représentants de la société civile au sein de la Commission nationale de lutte contre la corruption, tout en invitant l’association Transparency Maroc à désigner un remplaçant à son secrétaire général.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



Immobilier : la loi 34.21 promet la fin des projets bloqués


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page