Edito. Pékin express

La Chine ne se contente plus de bâtir des routes, des barrages ou des ports en Afrique. Sa stratégie est plus subtile… Elle combine investissements économiques, influence culturelle et guerre des perceptions. Pékin s’affirme comme un acteur global qui propose non seulement des financements, mais aussi un récit, un modèle et une alternative aux standards occidentaux.
En quoi cela nous concerne ? L’usine de batteries Gotion en construction à Kénitra, la présence de Huawei dans les télécoms ou les projets énergétiques en préparation montrent que le Maroc est devenu une plateforme stratégique pour Pékin en Afrique du Nord.
Ces initiatives dépassent le simple transfert de capitaux : elles s’accompagnent de transferts technologiques, de formation et d’un déploiement d’outils d’influence à long terme. Une étude récente menée par deux chercheurs marocains décrypte ce mouvement à l’échelle de l’Afrique francophone. Elle distingue plusieurs leviers dont l’économie, avec plus de 45 milliards d’euros d’investissements prévus d’ici fin 2025, les infrastructures numériques, la diplomatie éducative et l’influence institutionnelle, qui promeut le «consensus de Pékin» comme alternative au modèle occidental.
Pour le Maroc, cette analyse n’est pas théorique. Elle pose une question concrète : comment bénéficier des opportunités qu’offre la coopération avec la Chine – en matière d’emplois, de savoir-faire et d’investissements – sans s’exposer à une dépendance économique ? C’est tout l’enjeu que nous analysons dans l’article en page 4. Car la relation avec Pékin, plus qu’un partenariat de projets, s’inscrit dans une compétition mondiale des modèles et des récits. Et le Maroc, en cherchant à diversifier ses alliances, se trouve face à un choix stratégique qui façonnera son avenir.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO