Coopération ou charité?
Lors du dernier Conseil de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri avait déclaré que les finances publiques attendaient toujours une tranche des aides des pays du Golfe. Rappelons que le Conseil de coopération du Golfe avait institué une aide de 1,25 milliard de dollars sur cinq années, soit 250 millions de dollars/an. Sauf que depuis un an, les relations intra-Golfe sont minées par le conflit opposant l’Arabie saoudite et les Émirats au Qatar. La position du Royaume du Maroc a été sage: il avait d’abord proposé une médiation puis opté pour une neutralité totale. Un positionnement qui n’est pas du goût de certains protagonistes, mais cela est une autre histoire. L’enseignement dans cette querelle intestine, qui ne nous regarde ni de près ni de loin, est de s’immuniser contre des humiliations inutiles en se renforçant en interne et surtout en comptant sur ses propres richesses. Le Maroc, contrairement à ce que déclarent d’aucuns -dont le ministre des Affaires générales- n’est pas un pays pauvre. Le Maroc pâtit d’une déficience de gouvernance et d’une répartition inéquitable des richesses. Il peut aisément dégager les 250 millions de dollars précités en optimisant les dépenses, notamment via la moralisation des marchés publics et la reddition des comptes. En actionnant ces deux mesures, notre pays réaliserait d’un coup son indépendance vis-à-vis de pays qui confondent coopération et charité. Ce pays, dont l’ancrage remonte à 12 siècles, doit faire respecter son histoire et d’imposer sa dignité, deux préalables à toute relation. Ce Maroc serait riche s’il appliquait seulement les termes de sa Constitution et instaurait des mécanismes de lutte contre la corruption et l’impunité.