Maroc

Marrakech ne recevra pas les anti-immigrés

Le Pacte mondial sur les migrations et le Pacte mondial sur les réfugiés promettent de changer la gouvernance de ces deux thématiques. Zoom sur les enjeux de ces deux textes avant la signature officielle de celui sur la migration à Marrakech.

«Je suis une idéaliste». Anna Fonseca, représentante au Maroc de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’avoue. Cette déclaration a été faite lors d’une rencontre avec la presse tenue le 27 novembre à Casablanca au sujet du Pacte mondial pour des migrations régulières, sûres et ordonnées. Ce texte non contraignant, qui sera signé à Marrakech les 10 et 11 décembre par 189 pays, soulève une série de questions sur son utilité et son applicabilité. Pour la responsable onusienne, «Ce pacte est historique et remarquable». Ce nouveau document de 23 objectifs est menacé, avant même sa signature, par le retrait de pays européens surtout.

«Pacte de la discorde»
Une décision de la Belgique, du Danemark, de l’Italie, des Pays-Bas, de l’Estonie et de la Suisse risque de compliquer la vie de ce jeune texte international. Déjà, sa naissance a été marquée par le retrait précoce des États-Unis qui l’ont jugé «contraire à leur politique migratoire nationale». L’Amérique de Trump a été suivie de l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Croatie, la Bulgarie et Israël. Ces pays dirigés par des gouvernements d’extrême-droite ou populistes ne feront pas le déplacement à Marrakech. D’autres pays risquent d’allonger cette liste, notamment en Europe, au point que le quotidien Le Monde a qualifié ce texte de «Pacte de la discorde». C’est dans ce contexte marqué par le scepticisme autour de l’avenir de ce texte que les agences de l’ONU spécialisées dans la migration (OIM) et l’asile (HCR), ainsi que l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) ont invité la presse marocaine pour lui présenter les deux pactes et les enjeux internationaux qui seront débattus au Maroc. L’idée d’un pacte a émergé en septembre 2016 suite à la déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants. Depuis, 18 mois de consultations nationales et négociations régionales et internationales ont été menées pour aboutir à un accord en juillet dernier entre 190 pays. «Nous sommes à la fin d’un processus pour démarrer une nouvelle étape, celle de l’action», explique, optimiste, Fonseca. Du côté du HCR, on se montre pragmatique. Jean-Paul Cavaliéri, représentant du HCR au Maroc, rappelle que «les États sont dans leur droit de contrôler leurs frontières et l’accès au territoire national». Le diplomate insiste aussi sur la responsabilité des États dans l’accueil des réfugiés et la répartition équitable de cette charge entre les pays du Nord et du Sud.

«Aujourd’hui, il y a plus de 25 millions de réfugiés dans le monde. C’est un record historique jamais enregistré depuis la 2e Guerre mondiale. Or, ces réfugiés sont reçus en majorité par 10 pays. Il y une inégalité dans l’accueil des réfugiés. Également, un nombre limité de pays contribue à l’effort, qu’il soit financier ou de réinstallation dans des pays tiers», détaille Cavaliéri du HCR Maroc. Et d’ajouter: «Le pacte aura pour mission d’insérer une dose de solidarité au sein de la communauté internationale. La convention de Genève de 1951 avait défini la responsabilité des États. Il est temps de définir la responsabilité entre ces États», conclut-il. 


Ana Fonseca
Cheffe de mission de l’OIM Maroc

Le pacte est un texte historique et remarquable. Ce texte reflète des dénominateurs communs entre les États pour permettre une gouvernance de la migration, inspirés des grands principes des droits humains. Ce texte est adopté alors que la migration n’a jamais été un thème aussi chargé politiquement et médiatiquement, et ce partout dans le monde, avec une montée de la xénophobie et de l’extrême-droite.

Jean-Paul Cavaliéri
Représentant du HCR au Maroc

85% des réfugiés se trouvent dans les pays du Sud. L’objectif du Pacte mondial sur les réfugiés est d’instaurer davantage de solidarité au sein de la communauté internationale pour l’accueil de ces réfugiés. Il s’agit de fournir un effort supplémentaire au profit des pays hôtes et de mieux prévoir les besoins afin de s’entraider, entre États. Le but étant un partage équitable des responsabilités.


Les médias et les journalistes dans le pacte

Dans l’objectif 17, point C, le pacte confère des responsabilités aux médias et aux journalistes, appelant ceux-ci à «promouvoir une information indépendante, objective et de qualité, y compris sur Internet, notamment en sensibilisant les professionnels des médias aux questions de migration et à la terminologie afférente, en instituant des normes déontologiques pour le journalisme et la publicité et en cessant d’allouer des fonds publics ou d’apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l’intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants, dans le plein respect de la liberté de la presse».


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