Maroc

Marrakech ne recevra pas les anti-immigrés


Younous Arbaoui. Chercheur en droit d’asile et migration Université libre d’Amsterdam

“Le pacte est  une source d’inspiration”

Comment expliquez-vous ces nouveaux retraits du Pacte mondial ?
La principale raison est la crainte que des juristes puissent dire que quelqu’un a droit à un permis de séjour sur la base du pacte alors que sans celui-ci, ce ne serait pas le cas. À cela s’ajoute qu’un certain nombre de ces pays sont gouvernés par des partis populistes de droite qui mènent des politiques contre les migrants. Le pacte est vu par ces États comme autorisant les gens à penser qu’ils ont le droit de prétendre pouvoir entrer sur leurs territoires sans conditions. Cela va à l’encontre des politiques qu’ils veulent mettre en place et qui visent à restreindre le nombre de migrants présents sur leurs territoires.

Pourtant, ce pacte ne dépasse pas le stade d’une déclaration d’intentions…
Par ces États, il est vu comme une déclaration qui ouvre largement les frontières. Ils craignent que la ligne de démarcation entre migration légale et «illégale» disparaisse et que davantage de migrants arrivent en Europe. Ces États oublient que beaucoup de mouvements migratoires ont eu et ont toujours lieu dans les pays du sud. Ces pays pensent aussi qu’ils ne peuvent plus être souverains, même si le pacte lui-même indique clairement que l’accord n’est pas contraignant et que la souveraineté des États est respectée par ledit pacte.

Quelles sont les conséquences de ces retraits sur l’avenir dudit pacte ?
Il est très regrettable que certains États se retirent dudit pacte, mais cela ne veut pas dire que ce pacte n’aura plus de sens. En tous cas, il sera applicable dans tous les autres pays (plus de 185) qui vont le signer. De plus, au sein des pays qui se retirent, le pacte peut être une source d’inspiration pour les avocats défendant les droits des migrants dans les tribunaux. Les juges progressistes existent, même dans ces pays et donc il reste toujours possible qu’un juge interprète la loi nationale en s’inspirant dudit pacte. Les pays qui se retirent ne sont donc pas une fois pour toute «protégés» contre ce pacte. Dans le contexte européen, il est question d’harmoniser la position des membres de l’UE. Il ne peut donc pas y avoir un juge soumis au pacte dans un pays et pas dans l’autre. 


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Page précédente 1 2

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page