Maroc

Délais de paiement : les TPE, ces grandes oubliées !

Deux ans après l’entrée en vigueur de la loi 69.21, les délais de paiement continuent de s’améliorer, surtout au niveau de la commande publique de l’État. Dans le secteur privé, cela va moins vite, alors que les Très petites et moyennes entreprises (TPME) sont toujours les plus vulnérables face aux retards de paiement. Synthèse du rapport de l’Observatoire nationale sur les délais de paiement.

«Les TPE restent particulièrement exposées, à la fois en tant que fournisseurs soumis à des retards de paiement, et en tant que clientes peinant à recouvrer leurs créances». Ce constat porte à la fois la signature de Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des Finances, et de Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

Et il figure dans la Lettre introductive du cinquième rapport sur les délais de paiement, qui vient de paraître, et qui fait le bilan de l’année, en plus de revenir sur une bonne partie de 2023. Ce constat, très éloquent, en dit long sur la souffrance des Toutes petites entreprises, quasiment laissées en rade, alors que, globalement, les délais de paiement commencent à s’améliorer au Maroc, surtout depuis l’entrée en vigueur de la loi 69.21, depuis environ deux ans.

La souffrance des TPE sur les délais de paiement saborde les efforts qui sont faits ailleurs, sachant que le tissu entrepreneurial marocain est dominé par ces TPME, qui représentent plus de 95% des entreprises actives.

Selon ce nouveau rapport de l’Observatoire national sur les délais de paiement, «les TPE restent en difficulté, affichant à la fois les délais clients les plus longs (130 jours) et les délais fournisseurs les plus courts (83 jours), ce qui les place en situation de financeurs nets vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux». Voilà, donc, là où il faut désormais concentrer les efforts.

Paradoxes du privé
Autres efforts à faire, c’est bien dans le secteur privé. Ici, on est encore loin du rythme de l’État, malgré les nombreuses doléances adressées au secteur public. En effet, selon le rapport, qui se concentre davantage sur l’année 2023, les délais de paiement enregistrent, certes, «une évolution globalement favorable» dans le secteur privé, mais les délais clients s’établissaient encore à 125 jours, tandis que les délais fournisseurs ont atteint 85 jours.

«La proportion des entreprises respectant le délai réglementaire de 60 jours a atteint 68%, cette amélioration étant particulièrement marquée chez les PME et les Grandes entreprises», poursuit le rapport.

En parlant de ces 60 jours, ils sont la limite à ne pas respecter selon la loi. D’ailleurs, du côté de l’État, on l’a apparemment beaucoup mieux compris, car, contrairement au secteur privé, les délais, à en croire le rapport, se sont fortement contractés, permettant aux partenaires de mieux se sentir à l’aise pour traiter avec les institutions publiques.

L’État, bon payeur…
En effet, en ce qui concerne la commande publique de l’État et des Collectivités territoriales, «le délai moyen de paiement s’est stabilisé à 18 jours en 2024, soit un niveau largement inférieur au plafond réglementaire de 60 jours», lit-on dans le rapport.

Cette performance, consolidée depuis 2016, s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue, poursuit la même source. Il faut, par ailleurs, noter que le volume de la commande publique a atteint 72,96 MMDH en 2024, pour un total de 246.460 actes d’achat, soit en hausse par rapport à 2023.

«Toutefois, un léger allongement du délai de paiement a été observé au niveau des Collectivités territoriales, passant de 17,3 jours en 2023 à 18,7 jours en 2024», note le rapport de l’Observatoire. Parallèlement, les intérêts moratoires ont augmenté pour s’établir à 17,76 MDH, dont 98% sont liés aux marchés publics.

Ça s’améliore chez les EEP aussi
Du côté des Établissements et entreprises publics (EEP) également, la dynamique d’amélioration se poursuit, estime le rapport, qui constate «la réalisation d’un délai moyen de paiement de 31,7 jours à fin décembre 2024 contre 55,9 jours à fin décembre 2018, avec 90% d’EEP respectant désormais le délai réglementaire.

Néanmoins, des disparités subsistent, notamment dans les secteurs sociaux qui enregistrent un recul en matière de performance. Par ailleurs, la plateforme AJAL, dédiée au traitement des réclamations des fournisseurs, continue de se renforcer avec l’inscription de 137 nouveaux fournisseurs en 2024 portant leur nombre total à 756.

L’Observatoire poursuit en faisant savoir qu’au cours de l’année 2024, 82 réclamations ont été déposées sur la plateforme AJAL, concernant 24 EEP, pour un montant global de 28,26 MDH. Fait édifiant, les PME y représentent 80% des réclamants.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



Parlement : Moudawana et retraites, les dossiers chauds de la rentrée


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page