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Tijara : le secteur de la distribution déphasé par la rareté de profils métiers

Dans le cadre de la loi de Finances 2021, puis celle de 2022, le gouvernement a reconduit les mesures incitatives à l’emploi. Comment les métiers de la vente et de la distribution s’organisent pour en tirer pleinement profit ?  Le hic est que, très souvent, un gap énorme existe entre  la perception qu’ils ont du marché de l’emploi et l’existant. 

Entre 2020 et 2021, l’économie nationale a créé 230.000 emplois, dont 130.000 en milieu rural et 100.000 postes en milieu urbain, contre 432.000 perdus une année auparavant. Notons que le Maroc crée en moyenne près de 165.000 emplois nets par an si l’on se réfère aux chiffres d’avant la pandémie.

Dans le cadre de la loi de Finances 2021, puis celle de 2022, le gouvernement a reconduit les mesures incitatives à l’emploi. Mais de nombreux secteurs d’activité pouvant en tirer profit ne se sont pas encore organisés pour en profiter pleinement. Parmi eux figurent les métiers de la vente et de la distribution, un secteur pourvoyeur d’emplois, qui gagneraient à s’en servir pour renforcer leurs capacités à répondre pleinement aux besoins croissants en produits de grande consommation aussi bien à travers la distribution classique (circuit traditionnel et moderne) que la distribution digitale.

C’est dans ce contexte que s’est tenu, jeudi 3 mars dernier, un webinaire organisé par la Fédération TIJARA portant sur les mesures incitatives de la Loi de finances 2022, plus précisément le recrutement et les dispositifs d’accompagnement et de soutien à l’embauche pour les métiers de la distribution au Maroc.

«Dans un monde soumis à des crises, parfois inédites à l’instar du Covid-19, l’exigence d’une continuelle adaptation devient une question vitale pour toute entreprise. Une telle situation interpelle constamment sur nos capacités à être agiles, maintenir nos positions et surtout créer de la valeur de manière continue. Le capital humain est l’un des plus grands vecteurs d’amélioration de la performance dans notre secteur. Celui-ci permet de garantir sa pérennité.

C’est dans ce cadre que Tijara a initié plusieurs plans d’action consacrés à la formation, l’amélioration des compétences et au recrutement. Une commission thématique dédiée a ainsi été créée. Cette réunion vise à expliquer les nouvelles dispositions de la loi de Finances, incitant ainsi à l’embauche, ainsi qu’un modèle de développement de nos ressources humaines», souligne Mohamed Wajih Sbihi, président de Tijara 2020.

Des Difficultés à  trouver des ressources qualifiées alors qu’on est loin du plein emploi

La loi de Finances 2021, puis celle de 2022, sont venues non pas amender mais reconfirmer les éléments d’incitations pour une durée encore importante. «Aujourd’hui, les métiers de la vente dans la distribution peuvent pleinement profiter de ces mesures, car elles encouragent l’emploi et sécurisent la montée en compétence de la ressource au sein de l’entreprise, pour peu que les pré-requis soient au rendez-vous.

Elles permettent aussi aux entreprises, pas uniquement de la grande distribution, de renforcer les capacités de la ressource et répondre au besoin croissant de produits de grande consommation. Il faut savoir que les niveaux de qualification à l’entrée, dans ces métiers, sont relativement accessibles par rapport à la qualité de la ressource au Maroc», explique Ilham Boujlid, experte et fondatrice de Job2vente, cabinet spécialisé dans le recrutement, la formation et le conseil aux métiers de la vente et de la distribution, mais aussi la digitalisation des processus d’intégration au marché de l’emploi.

Elle jouit d’une longue expérience acquise dans le domaine, avec, notamment, près de 18 ans dans des métiers allant de la distribution au développement de nombreux réseaux d’enseignes organisés. Une expertise présente aussi dans l’accompagnement de nombreux groupes de distribution dans leur transformation digitale, l’automatisation des processus de gestion de leur capital humain et l’intégration de CRM améliorant la performance du parcours client. Partant de ces acquis, elle note souvent dans ces entreprises un gap important, entre la perception qu’elles ont du marché de l’emploi et sa réalité.

«Aujourd’hui, on est loin du plein emploi, et pourtant les entreprises du secteur des Biens de consommation courante (FMCG), de la grande distribution, ou encore des produits de grande consommation ont beaucoup de difficultés à trouver des ressources qualifiées», explique Boujlid.

Illustration du gap entre les profils disponibles sur le marché du travail et les attentes des entreprises
Le casse-tête du directeur des ressources humaines d’une entreprise de la place en dit long sur la difficulté à trouver certains profils sur le marché. Dans le cadre de l’introduction de sa marque de farine dans la grande distribution, l’entreprise a dû traverser un parcours du combattant pour trouver des merchandisers qualifiés sur l’ensemble du territoire marocain pour représenter la marque, attirer le maximum de clients. «Ce que nous avons remarqué déjà c’est que le profil de merchandiser n’existe carrément pas, à l’exception de Casablanca, où l’on peut facilement trouver des profils qualifiés, qui ont de l’expérience, et qui bénéficient de petites formations au sein d’entreprises.

Des critères très utiles à leur embauche. Dans les autres villes, encore plus dans les petites villes, c’était un gros problème pour en trouver. Les merchandisers qu’on a pu trouver avec nos partenaires, notamment les magasins, c’était des gens employés juste pour porter les sacs, les poser et les nettoyer. Ils n’étaient pas employés pour le savoir-être, ni pour leurs compétences en vente», explique le dirigeant.

Et de conclure : «Face à un manque criard de jeunes profils qualifiés métier, c’est à la société de recruter des jeunes et les former à des métiers à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, nous recherchons surtout des personnes qui ont l’envie de travailler !». Au-delà des profils de merchandising, le dirigeant recommande cette approche également pour les commerciaux de grossistes.

Rappel des principales mesures fiscales du projet de loi de Finances 2022 d’incitation au recrutement

Pour les exercices 2021 et 2022, la loi de Finances 2022 a clairement accordé une exonération en matière d’IR sur le salaire versé par toute entreprise, association ou coopérative à un salarié à l’occasion de son premier recrutement, à condition que le recrutement soit fait à travers un CDI. Autre condition : le salarié ne doit pas avoir plus de 35 ans à la date de la signature de son premier contrat de travail. Et ce, quelle que soit la date de création de l’entreprise, ce qui, d’une part, concerne beaucoup de personnes, et, d’autre part, constitue des conditions d’éligibilité relativement souples.

Les profils les plus recherchés dans le secteur de la distribution

Les propos du dirigeant sont appuyés par un ensemble d’études réalisées dans la grande distribution et auprès des distributeurs dans le secteur des Biens de consommation courante (FMCG). Ainsi, les postes à pourvoir sont principalement des métiers commerciaux, à savoir les employés libre-service (aussi appelée ELS), qui sont des profils essentiels dans la grande distribution. L’ELS est sous la responsabilité du manager de rayon et il s’occupe de toute la mise en place afin que le client entre dans un magasin bien achalandé dès l’ouverture. S’y ajoutent les merchandisers, les pré-vendeurs.

Mais aussi les métiers en entrepôt, donc de manutentionnaires : magasinier, livreur, logisticien, préparateur de commandes. Auxquels se joignent les métiers de back-office ou de cols bleus : acheteur et category manager. Le category manager (diminutif «catman») recommande l’ensemble des produits à référencer en magasin sur un rayon en particulier. Il est le responsable du chiffre d’affaires et de la rentabilité de cette catégorie de produits. Ce métier est donc un mélange de marketing, commerce/achat et d’études. Relativement nouveau, ce métier continue à se spécialiser et son influence ne cesse de grandir.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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