S&P Global Ratings : OCP accède à l’“investment grade”

Reclassé en catégorie investment grade par S&P Global Ratings, OCP franchit une nouvelle étape dans son parcours de crédibilité financière. La note du groupe passe de BB+ à BBB-, avec une perspective stable, dans le sillage de la rehausse de la notation souveraine du Maroc. Un mouvement qui traduit autant la solidité du modèle industriel du géant des phosphates que la confiance renouvelée des marchés dans la trajectoire économique du Royaume.
C’est une reconnaissance qui dépasse les murs de l’entreprise. S&P Global Ratings a relevé la note d’OCP SA de BB+ à BBB-, avec une perspective stable. Ce reclassement, intervenu dans le sillage de la rehausse de la note souveraine du Maroc, marque une nouvelle étape dans la trajectoire de confiance qui lie le groupe minier à son environnement macroéconomique. Car si OCP est une grande entreprise industrielle, elle incarne aussi, pour les marchés, un pilier stratégique du Royaume — et désormais un émetteur de référence à la solvabilité reconnue.
Un effet souverain qui consolide la crédibilité du groupe
Tout part du Maroc. Le 26 septembre dernier, S&P avait porté la note souveraine du Royaume à BBB-/A-3, assortie d’une perspective stable. Une décision justifiée par des fondamentaux solides, maîtrise du déficit courant, désendettement progressif, inflation contenue et politique budgétaire prudente. Les réformes structurelles engagées, soutenues par les programmes du FMI, ont renforcé la crédibilité du pays auprès des investisseurs internationaux.
Dans cette équation, OCP n’est pas un acteur isolé. Détenu à 95% par l’État, le groupe est considéré par S&P comme une entité étroitement liée aux pouvoirs publics. La note souveraine agit donc comme un plafond naturel à sa propre notation. Lorsque le Maroc progresse, OCP en récolte les fruits, mais encore faut-il que la performance opérationnelle suive, et c’est précisément ce que les analystes ont salué.
Une performance opérationnelle soutenue
Au premier semestre 2025, OCP a affiché des résultats en nette progression, portés par la reprise du marché mondial des engrais phosphatés. Le chiffre d’affaires a bondi de 26%, tandis que l’EBITDA a progressé de 19%. Cette dynamique s’explique par un rebond des prix du phosphate, une demande soutenue sur les marchés clés et une gestion rigoureuse des coûts.
Pour les années à venir, S&P prévoit une croissance du chiffre d’affaires comprise entre 20% et 23% en 2025, avant une normalisation à 3% à 6% en 2026, à mesure que les prix se stabiliseront. Les marges, elles, devraient continuer de s’améliorer, la marge d’EBITDA ajustée passerait de 36,8% en 2024 à 37–37,5% en 2025, puis 38–40% en 2026, grâce à un mix produits plus favorable, une baisse des coûts des intrants et la montée en puissance du TSP (triple superphosphate).
Cette trajectoire témoigne d’un positionnement solide dans un marché cyclique, où la capacité à absorber les fluctuations des cours devient un marqueur de résilience.
Discipline financière et flexibilité d’investissement
Si la note s’améliore, c’est aussi parce qu’OCP a su démontrer une discipline financière exemplaire. L’entreprise a réduit ses dépenses d’investissement prévues pour 2025 à environ 38 milliards de dirhams, contre près de 50 milliards initialement budgétés.
Cette révision traduit une volonté claire de préserver la solidité de son bilan, tout en poursuivant ses projets d’expansion industrielle. S&P prévoit que le ratio FFO/dette ajusté (fonds issus de l’exploitation rapportés à la dette) se maintiendra entre 24% et 27% en 2025, puis 21% à 23% en 2026, en raison de la reprise des investissements.
L’agence considère qu’un niveau compris entre 20% et 30% reste cohérent avec un profil de crédit autonome noté bbb-. Cette flexibilité – réduire ou retarder certaines dépenses selon le contexte – illustre la maturité financière du groupe. Pour S&P, OCP dispose d’une marge de manœuvre suffisante pour préserver sa notation, même en phase d’investissement intense.
Une perspective stable adossée à la trajectoire du royaume
La perspective stable attribuée à OCP reflète celle du Maroc. L’agence estime que le groupe continuera de générer un EBITDA et un cash-flow robustes, tout en gérant prudemment la rémunération de ses actionnaires et le financement de ses projets.
Mais S&P n’élude pas les risques, une chute prolongée des prix des engrais, une hausse des coûts des matières premières comme le soufre ou l’ammoniac, ou encore des investissements excessifs sans retour suffisant, pourraient fragiliser les ratios de crédit.
De même, toute dégradation de la note souveraine se répercuterait mécaniquement sur OCP. À l’inverse, une nouvelle amélioration de la notation du Maroc pourrait, à terme, offrir un potentiel de rehausse supplémentaire pour le groupe.
Un symbole de confiance et de responsabilité
Pour OCP, cette entrée dans la catégorie investment grade vient récompenser une stratégie de long terme fondée sur la création de valeur, l’intégration industrielle et la durabilité. C’est aussi un signal fort adressé aux marchés internationaux, le groupe demeurant un acteur mondial incontournable, capable de conjuguer performance, rigueur et engagement.
Ainsi, OCP confirme sa stature d’entreprise solide, arrimée à la stabilité de son pays et à la confiance des agences. Une posture d’autant plus stratégique que l’entreprise poursuit son expansion dans les engrais durables et la valorisation responsable des ressources naturelles.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO