Sociétés cotées : revenus en baisse de 6,4%
Les réalisations en repli des sociétés cotées à fin 2020 traduisent d’une année très mouvementée marquée par l’avènement de la crise sanitaire. Une contreperformance qui a été essentiellement portée par les secteurs des industries et des assurances, selon la dernière note de BMCE Capital Research.
Très mouvementée, l’année 2020 n’aura pas été de tout repos pour l’économie marocaine. En témoigne, les revenus en berne réalisés par bon nombre d’entreprises. De même pour les sociétés cotées qui ont enregistré un chiffre d’affaires annuel en repli de 6,4% à 233,1 MMDH. Une baisse prévisible compte tenu du contexte particulier dans lequel elles ont dû évoluer. Ces réalisations se rapprochent particulièrement des prévisions de BMCE Capital Research qui tablaient sur un chiffre d’affaires limité à 189,2 MMDH.
«Avec un taux de 99,2%, les réalisations annuelles ressortent parfaitement en ligne avec nos prévisions pour notre scope de valeurs», affirment les analystes de la société de Bourse.
Pour eux, la contraction des revenus annuels est imputée principalement à la mauvaise performance commerciale des industries. Le secteur s’est, en effet, déprécié de 8,4% à 151,4 MMDH. Une baisse qui est due notamment au repli des ventes de Total Maroc, pâtissant à la fois de la baisse de la demande (tant sur les carburants et lubrifiants que sur les services) suite aux restrictions sanitaires liées à la gestion de la pandémie ainsi que de la chute des cotations internationales ayant induit une forte dépréciation des stocks et des prix à la pompe. À cela s’ajoute la mauvaise tenue du secteur de l’immobilier. Les réalisations commerciales des immobilières ont nettement décéléré suite notamment au recul de la demande résultant de la baisse du pouvoir d’achat et du report des décisions d’acquisition dans un contexte de forte incertitude.
Dans le même sillage, les ventes des cimentières qui se sont, quant à elles réduites, en raison du repli significatif de la demande nationale de ciment en 2020 (-10,01% à 12,2 Mt à fin décembre 2020). Celles-ci ont dû payer le lourd tribut de l’arrêt des chantiers de construction durant la période de confinement et le ralentissement du secteur immobilier sur l’ensemble de l’année. Mise à part le secteur de l’industrie, les compagnies d’assurances & de courtage ont également été déstabilisé par les effets de la crise sanitaire. Le chiffre d’affaires du secteur affiche une contraction de 3,4% à 18,8 MMDH. Ce recul intègre le repli de 13,6% de l’activité Vie à 6,3 MMDH provenant de la contreperformance de Wafa Assurance sur ce segment (-723 MDH) et de Saham Assurance (-279 MDH), suite à la baisse notable de la collecte Epargne et les produits patrimoniaux notamment. Ces réalisations n’ont pu être compensées que partiellement par l’amélioration de 2,6% de la branche Non-vie à 12,2 MMDH tirée par la bonne orientation de Wafa Assurance sur ce créneau, «profitant notamment d’une bonne dynamique observée en début d’année et d’une reprise de l’activité sur le T4 2020», précise BMCE Capital Research.
Au final, seules les financières ont pu tirer leur épingle du jeu en faisant preuve de résilience malgré la crise sanitaire. Les bancaires ont enregistré en effet un PNB en hausse de 2,7% à 66,2 MMDH. Elles ont, selon la société de Bourse, profité de la bonne tenue de la marge d’intérêt liée à la dynamique commerciale dont a fait preuve le secteur en 2020, notamment en termes de crédits de trésorerie. La bonne tenue du résultat des activités de marché en lien avec un contexte de taux favorable sur le marché obligataire a de son côté, été particulièrement favorable pour BCP (+12,2% à 3,1 MDH).
En revanche, Attijariwafa bank affiche une baisse de 18,3% de son résultat sur les opérations de marché à 3 MMDH. Si la crise sanitaire a freiné l’élan d’un grand nombre d’entreprises, elle a également contribué à la dégradation de leur niveau d’endettement.
En termes d’indicateurs bilanciels, BMCE Capital Research fait état d’un endettement net des valeurs cotées (hors financières et assurances) qui s’est alourdi de 3,5% à 57,4 MMDH. Il intègre essentiellement la hausse de l’endettement net de Cosumar (+48,6% à 1,6 MMDH) en raison du décalage de remboursement de la Caisse de compensation à fin décembre 2020. S’agissant des contributions par secteur, celui des Télécoms s’accapare 31% de l’encours total, suivi du secteur Participation & promotion immobilières avec une part de 17%, de l’Électricité (14%) et du secteur Matériaux de construction (11%).
Le T4 meilleur que le T3
Les revenus agrégés des sociétés cotées en Bourse de Casablanca se sont établis à 61 MMDH au 4e trimestre de l’année écoulée, en repli de 6,7% par rapport au T4-2019, et ce, en dépit de «la poursuite de la reprise de l’activité économique post-confinement», indique Attijari Global Research (AGR). Pour les analystes de la société de Bourse, cette contreperformance intervient après une quasi-stagnation des revenus au T1-2020 à +0,5%, suivie de deux baisses successives au T2 et au T3 de -10,5% et -4,5%. Pour BMCE Capital Research, le chiffre d’affaires annuel s’est en effet affiché en repli, et ce, en dépit d’un vent de reprise qui a été noté entre le troisième et le quatrième trimestres. Les réalisations commerciales auraient ainsi progressé d’un trimestre à l’autre de 2% à 59,9 MMDH.
Aïda Lô / Les Inspirations Éco