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Partenariats stratégiques : Le Brésil, prochain sur la liste ?

Le Maroc et le Brésil veulent booster la coopération bilatérale. Une récente rencontre entre le ministre chargé du Commerce extérieur et l’ambassadeur du Brésil a permis de réitérer les engagements des deux pays. Un accord sur les investissements devrait bientôt être signé en attendant de fixer le sort d’un éventuel ALE avec le Mercosur.

Le Maroc s’est définitivement tourné vers les BRICS. Le royaume, qui a signé des partenariats stratégiques avec la Russie et la Chine et renforcé sa coopération avec l’Inde, n’en oublie pas pour autant le Brésil, autre grand émergent figurant sur la liste des futurs grands partenaires du royaume. Une rencontre tenue en fin de semaine dernière entre le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Mohamed Abbou, et l’ambassadeur du Brésil au Maroc, José Humberto de Brito Cruz, a permis de faire la lumière sur l’importance du développement des relations économiques et commerciales entre les deux pays.

Phosphate contre sucre
Le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et le Brésil a atteint près de 12,5 MMDH en 2015. Les échanges entre les deux pays demeurent concentrés sur certains secteurs. C’est ainsi que le phosphate et dérivés constituent 72% des exportations marocaines vers le Brésil, alors que le sucre représente 53% des importations du Brésil au Maroc. Pour le ministre du Commerce extérieur, le renforcement des relations commerciales passe par la multiplication des visites des délégations économiques et l’organisation de forums d’affaires et de semaines commerciales dans les deux pays. À ce jour, le bilan des relations économiques Maroc-Brésil reste profondément mitigé. Certes, les exportations totales du Maroc ont connu une certaine progression, passant de 1% environ en 2000 à 4,6% en 2014 (sa part dans celles du groupe BRICS a doublé, passant de 13% à environ 26%). Le Brésil est ainsi le 5e principal pays client du Maroc et son 10e fournisseur de biens. Pourtant, ces performances demeurent insuffisantes devant l’important potentiel de l’économie brésilienne. Cette dernière est portée par des productions primaires exceptionnelles (agriculture, énergie) et une industrie compétitive. La faiblesse des échanges économiques est d’autant plus décriée que le Maroc dispose de tous les déterminants pour attirer entreprises commerciales et investissements brésiliens.

Le Portugal, principal concurrent
L’un des principaux obstacles est de nature culturel et linguistique. Pour renforcer sa présence en méditerranée et desservir d’autres destinations, y compris en Afrique, les grands investisseurs brésiliens préfèrent encore passer par le Portugal avec lequel ils partagent des liens historiques et humains. Cela a particulièrement été remarqué dans le secteur de l’aéronautique où le Brésil, à travers la compagnie Embraer, est le troisième plus grand constructeur aéronautique mondial après Airbus et Boeing. Ce géant industriel, bien qu’intéressé par le modèle industriel marocain, s’est résolu à investir au Portugal. L’avionneur brésilien a déjà implanté plusieurs usines au Portugal pour près de 177 millions d’euros et ne risque pas d’installer deux bases aériennes à quelques kilomètres de distance. Le Brésil est également le 7e fabriquant automobile au monde. Selon les officiels brésiliens, Brasilia étudie sérieusement les pistes de renforcement de sa présence dans ce secteur au Maroc, qui se positionne comme l’un des leaders du secteur aux niveaux régional et continental. Les activités bancaires et financières sont également un secteur porteur, grâce notamment à Casablanca Finance City (CFC) qui représente une plateforme financière idoine vers l’Afrique pour les groupes financiers et investisseurs brésiliens.

100.000 touristes en 2019
Le tourisme est un autre secteur porteur sur lequel le Maroc compte se positionner. Le pays projette d’accueillir 100.000 touristes brésiliens à l’horizon 2019. Une ambition motivée par la grande progression qu’a connue le nombre de touristes depuis 2012 avec une croissance de plus de 70%. Le Maroc a accueilli près de 27.000 touristes à fin 2015. Le renforcement des dessertes aériennes est également en marche avec l’ouverture de lignes aériennes directes de Royal Air Maroc (RAM) depuis Casablanca vers Sao Paulo et Rio.
Le Maroc capitalise également sur les bons rapports politiques qu’il entretient avec ce pays pour attirer plus d’investissements. Il est à noter que les deux pays apportent systématiquement des appuis réciproques à leurs candidatures respectives dans les organisations internationales. Par ailleurs, le Brésil ne reconnaît pas la RASD et maintient une ligne de conduite basée sur la neutralité et la résolution pacifique du différend dans le cadre de l’ONU, malgré les pressions des activistes pro-Polisario.


 

Un ALE avec le MERCOSUR en gestation
La piste d’un accord de libre-échange avec le Mercosur est actuellement à l’étude, au département du Commerce extérieur. Le Mercosur est considéré comme le 4e plus grand bloc économique du monde, en termes de volume d’échanges. Regroupant certains grands pays émergents comme le Brésil ou l’Argentine, ce marché représente 82,3% du PIB total de l’Amérique du Sud. En mars dernier, les coordinateurs nationaux des pays du Mercosur ont approuvé la relance des négociations pour un accord entre ce groupement régional et le Maroc sur la base de l’accord-cadre signé en 2004 à l’occasion de la visite historique du roi Mohammed VI au Brésil. Au sein du ministère du Commerce extérieur marocain, une étude d’impact d’un tel accord est en cours de réalisation. En attendant, un accord de coopération et de facilitation des investissements devrait bientôt être signé. Un accord qui devrait constituer une porte d’entrée du Maroc dans les marchés latino-américains, notamment celui du Mercosur.


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