Éco-Business

Assurance : en quête de nouveaux relais

Porté par une reprise de l’assurance vie et une dynamique soutenue de la non-vie, le secteur des assurances au Maroc a enregistré en 2024 une croissance robuste, malgré un contexte économique tendu. Avec un chiffre d’affaires global de 63,1 MMDH, en intégrant la réassurance et le Takaful, le marché confirme sa résilience et son potentiel de développement. Une progression qui masque toutefois un léger recul du taux de pénétration.

Malgré un environnement économique toujours contraint, le secteur des assurances a affiché en 2024 des performances solides. Dopé à la fois par l’assurance vie et la non-vie, le chiffre d’affaires global du secteur s’est établi à 58,8 milliards de dirhams (MMDH), en progression de 5,1% sur un an.

En intégrant les acceptations en réassurance et l’activité Takaful, le total atteint 63,1 MMDH, soit une hausse de 5,4%. Cette croissance, relativement vigoureuse au regard du contexte, confirme la capacité de résilience d’un secteur en quête d’élargissement de ses bases, tant sur le plan des produits que des canaux de distribution.

L’assurance vie retrouve des couleurs
Après une année 2023 marquée par un net ralentissement, la branche vie a retrouvé une dynamique plus soutenue. Avec un volume de primes atteignant 27,1 MMDH, elle enregistre une hausse de 5%, renouant avec une trajectoire plus en phase avec les tendances observées avant la pandémie.

Principal moteur de cette reprise, la collecte de l’épargne, qui représente 87,3% du total de l’assurance vie. Celle-ci a drainé 23,7 MMDH, soit une croissance de 5,3%, et ce, en dépit de la pression persistante sur le pouvoir d’achat des ménages. Les supports en unités de compte, adossés aux marchés financiers, se distinguent avec une envolée de 24,4%, bien qu’ils ne représentent encore que 5,8% du total. Leur potentiel de développement est réel, porté par des perspectives de rendement attractives et une volonté accrue des compagnies de contenir leur exposition financière dans un environnement volatil.

De son côté, l’assurance décès poursuit sa croissance modérée (+3,2%), atteignant 3,4 MMDH. Cette catégorie demeure dominée par l’assurance décès emprunteur (près de 58%), devenue un maillon essentiel dans la sécurisation des crédits bancaires.

L’assurance non-vie maintient le cap
La branche non-vie, qui pèse 31,6 MMDH en 2024, affiche une croissance annuelle de 5,2%, soutenue par les catégories historiques. L’assurance automobile reste la locomotive du secteur avec un chiffre d’affaires de 15,2 MMDH, en progression de 5,6%, tandis que la catégorie «accidents corporels, maladie et maternité» progresse de 4,3%, pour atteindre 5,6 MMDH.

L’assurance accidents du travail et maladies professionnelles enregistre pour sa part une croissance soutenue (+7,7%) à 2,8 MMDH. À elles seules, ces trois segments concentrent les trois quarts (74,4%) du chiffre d’affaires de la non-vie, illustrant une forte concentration sur des marchés matures. Une configuration qui met en lumière un potentiel de diversification encore peu exploité.

Le reste de la branche non-vie, soit 8,1 MMDH, a connu une progression de 4,3%, confirmant l’existence d’un réservoir de croissance à mobiliser par les acteurs du secteur.

Les segments en expansion
Autre point de vitalité, les acceptations en réassurance, dont le volume a grimpé de 9,4%, à 4,2 MMDH, largement dominées (95,2%) par la branche non-vie. Cette activité reste concentrée autour d’un réassureur exclusif, qui capte près de 80% du marché.

L’assurance participative (Takaful), bien qu’encore modeste, connaît une expansion rapide. En 2024, le volume total des primes s’est élevé à 94,9 MMDH, en hausse de 44,1%, grâce notamment à la performance de la branche décès (+38,3%) et de la catégorie incendie (+33,8%). La réassurance Takaful progresse elle aussi, passant de 5 à 18 MMDH en une année.

Malgré la hausse globale du chiffre d’affaires, le taux de pénétration du secteur (rapport primes/PIB) recule légèrement à 3,7%, contre 3,8% en 2023. Un repli qui s’explique par une progression plus rapide du PIB en valeur que celle des primes d’assurance.

Ce recul, qui reste relatif, ne remet pas en cause la trajectoire de long terme du secteur, mais souligne l’importance d’une stratégie plus offensive en matière d’inclusion assurantielle et de développement de nouveaux produits adaptés aux besoins émergents de la population.

Une sinistralité en hausse

L’année 2024 a été marquée par une détérioration notable de la sinistralité sur plusieurs segments majeurs. Le ratio de sinistralité net de réassurance dans la branche non-vie s’est établi à 70,9%, en hausse de 2,4 points par rapport à 2023.

L’assurance automobile a vu son ratio S/P (sinistres sur primes) s’aggraver de 2,8 points pour atteindre 69,3%, reflet d’une fréquence accrue des sinistres. La catégorie «Accidents du travail et maladies professionnelles» affiche une détérioration plus marquée, avec un ratio en hausse de 11,1 points à 79,7%. Quant à la branche «Accidents corporels, maladie et maternité», elle reste la plus sinistrée, avec un ratio atteignant 95,7%, en hausse de 2,4 points.

Cette évolution, défavorable pour les assureurs, résulte à la fois d’une sinistralité plus lourde et d’un transfert de charge plus limité vers les réassureurs. Elle impose une gestion plus fine des risques et pourrait à terme se traduire par un ajustement tarifaire dans les branches concernées.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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