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Bourse, obligations, placements collectifs… Le marché des capitaux retrouve des couleurs

Dans le cadre de la publication du Rapport sur la stabilité financière 2024, Bank Al-Maghrib, l’AMMC et l’ACAPS dressent le tableau d’un marché des capitaux en nette reprise. Porté par la baisse des taux, la solidité du système financier et une confiance renouvelée des investisseurs, l’écosystème enregistre une amélioration marquée de ses indicateurs clés.

Après une période d’instabilité liée à la crise inflationniste et aux incertitudes géopolitiques mondiales, le marché des capitaux a connu en 2024 un véritable rebond. C’est l’un des enseignements saillants du 12e Rapport sur la stabilité financière, publié conjointement par Bank Al-Maghrib, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS).

Dans un contexte de détente monétaire progressive amorcée à la mi-2024, la dynamique s’est enclenchée sur plusieurs segments du marché, traduisant un retour de la confiance et une mobilisation accrue de l’épargne.

Reprise nette sur le marché actions
Symbole de cette embellie, l’indice MASI de la Bourse de Casablanca a signé une performance annuelle de +22,16% en 2024, une progression qui reflète autant l’amélioration des perspectives économiques que la baisse des taux d’intérêt. La capitalisation boursière a suivi la même trajectoire haussière, en augmentation de 20% sur l’année.

Le marché s’est également distingué par une baisse notable de la volatilité moyenne, revenue à 8,27% contre 11,04% en 2023, confirmant un environnement moins exposé aux chocs brutaux et aux comportements spéculatifs. Les valorisations ont, elles aussi, repris de la hauteur. Le PER global du marché est passé de 19,5x à fin 2023 à 21,7x à fin 2024, un niveau en ligne avec les anticipations de bénéfices et la baisse des rendements obligataires.

Parallèlement, la liquidité s’est significativement améliorée, atteignant 12,45% contre 8,88% une année auparavant. Ce regain d’activité traduit un retour progressif des investisseurs, aussi bien institutionnels que particuliers, vers les actifs cotés.

Forte progression des placements collectifs
Le redressement de la Bourse a largement bénéficié à l’industrie de la gestion collective. L’actif net global des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) a ainsi enregistré une hausse de 16,7%, atteignant 653,2 milliards de dirhams (MMDH) à fin 2024.

Cette croissance résulte autant de l’effet valorisation que de la collecte nette, confirmant l’attrait croissant pour les fonds obligataires et diversifiés dans un contexte de normalisation des taux. L’année a également été faste pour les Organismes de placement collectif immobilier (OPCI), dont l’actif net a bondi de 28%, à 109,3 MMDH. Cette dynamique fait suite à une progression exceptionnelle de 48,1% en 2023, soulignant le développement rapide de cette classe d’actifs dans la gestion patrimoniale et institutionnelle.

En revanche, l’activité titrisation a connu un léger repli. Le volume des émissions s’est établi à 2,43 MMDH, contre 4,3 milliards en 2023, et l’actif total à 17,43 MMDH, contre 17,79 milliards un an auparavant. Cette décélération ne remet toutefois pas en cause le rôle structurel de la titrisation dans le financement de long terme.

Réveil du marché obligataire privé
Du côté de la dette, les émissions de bons du Trésor ont reculé à 183 MMDH en 2024, contre 255 milliards l’année précédente. En revanche, l’activité sur le marché de la dette privée a enregistré une progression significative. Les émissions ont atteint 101,7 MMDH, en hausse de 17% en glissement annuel.

Cette dynamique est portée principalement par l’augmentation des émissions obligataires – notamment via le placement privé -, lesquelles représentent désormais 50% du total, en ligne avec la moyenne des cinq dernières années.

L’encours total de la dette privée s’élève ainsi à 278 MMDH (+8%), consolidant le rôle de ce compartiment dans le financement des grandes entreprises et la diversification des portefeuilles d’investissement.

Capital-investissement et prêt de titres en soutien
En parallèle, le capital-investissement continue de tracer son sillon. En 2024, trois nouveaux fonds ont été créés, portant l’actif net total du secteur à 3,14 MMDH, en hausse de 24%. Cette évolution, bien que modeste en volume, témoigne d’un intérêt renouvelé pour les financements en fonds propres, notamment dans les secteurs innovants.

Le volume des opérations de prêt de titres a, quant à lui, atteint 347 MMDH (+10%), confirmant la montée en puissance de cette activité dans l’optimisation des portefeuilles institutionnels. À noter que 90,5% de ces prêts ont porté sur les bons du Trésor, reflétant une recherche de sécurité et de rendement stable chez les investisseurs.

Vers une consolidation durable de l’écosystème
Au-delà des chiffres, le rapport met en lumière les signaux d’une transformation structurelle du marché. La réforme du cadre réglementaire se poursuit avec, entre autres, l’introduction du marché à terme, les travaux sur les crypto-actifs, et le développement du «Morocco fintech center». Autant d’initiatives qui visent à diversifier les instruments, à approfondir le marché et à renforcer la protection des investisseurs.

Dans un contexte international encore marqué par des incertitudes géopolitiques et une volatilité persistante sur les marchés globaux, la performance du marché des capitaux marocain en 2024 constitue un facteur de stabilité. Elle illustre la résilience du système financier national et sa capacité à mobiliser l’épargne vers le financement de l’économie réelle.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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