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Financement du Trésor : la liquidité bancaire teste la résilience du marché

Le marché obligataire connaît une dynamique contrastée, marquée par un déficit de liquidité accru, une hausse des taux courts et une sélectivité croissante des investisseurs.

Le marché obligataire traverse une phase contrastée où la liquidité bancaire demeure sous pression, tandis que les taux courts connaissent une légère hausse et que les maturités longues restent scrutées avec prudence. L’analyse de BMCE Capital Global Research (BKGR) met en lumière un ajustement des conditions de financement, révélateur des arbitrages entre besoins budgétaires du Trésor et évolution des anticipations monétaires.

Au terme de la semaine du 25 septembre au 1er octobre, le déficit de liquidité bancaire s’est creusé de 1,61%, atteignant -134,1 milliards de dirhams (MMDH). Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib a réduit ses avances à 7 jours à 54,9 MMDH, soit une baisse de 3,45 milliards.

En parallèle, les placements hebdomadaires du Trésor se sont renforcés, culminant à un encours quotidien de 15,4 MMDH, contre 13,8 milliards la semaine précédente. Le taux moyen pondéré interbancaire (TMP) s’est stabilisé à 2,25%, tandis que l’indice MONIA a progressé à 2,46%, confirmant la persistance d’une légère tension sur le marché monétaire. BKGR souligne que la Banque centrale prévoit d’augmenter légèrement le volume de ses interventions la semaine suivante, fixant ses avances à 66,6 MMDH.

Le Trésor face à des taux courts en hausse
Sur le marché primaire, la dernière adjudication a marqué une inflexion. Le Trésor a levé seulement 2 milliards de dirhams, soit 47% du montant initialement proposé de 4,27 milliards. Les investisseurs ont privilégié les échéances courtes (26 semaines et 2 ans), entraînant une hausse des taux limites à 2,10% et 2,32% respectivement.

Cette évolution se traduit par un renchérissement du coût du financement à court terme : +11 points de base pour la ligne à 26 semaines et +3,2 points pour la ligne à 2 ans. À l’inverse, le taux primaire de la ligne à 30 ans a reculé de 13,9 points de base, signe d’une détente relative sur l’extrême long terme.

BKGR note que cette configuration illustre le dilemme du Trésor, pris entre des besoins de refinancement immédiats et la nécessité de maintenir la confiance des investisseurs sur les maturités longues.

Marché secondaire, des signaux divergents
Le marché secondaire a reflété cette dynamique contrastée. Les taux des maturités à 13 semaines, 5 ans et 15 ans ont progressé respectivement de 6,9, 5 et 2,5 points de base, confirmant un regain de tension sur certaines lignes.

En revanche, les maturités courtes de 26 et 52 semaines ont reculé, de -6,3 et -2,3 points de base. Ces mouvements traduisent, selon BKGR, une sélectivité accrue des investisseurs qui privilégient les durations intermédiaires dans un contexte de gestion budgétaire prudente et d’amélioration progressive de la liquidité bancaire.

Des perspectives de stabilité à court terme
Pour les prochaines semaines, BKGR anticipe une stabilisation du marché obligataire, notamment sur les taux courts. En revanche, les maturités longues pourraient connaître une légère tension en raison de la montée des besoins de financement du Trésor.

Les investisseurs, de leur côté, devraient continuer à se concentrer sur le moyen terme, considérant ce segment comme un compromis entre rendement et visibilité dans un environnement monétaire en réajustement.

Sur le segment de la dette privée, la seule opération notable reste l’émission d’un certificat de dépôt par la BMCI, d’un montant d’un an à un taux facial de 2,60%, confirmant une normalisation progressive des conditions sur le marché parallèle.

Le marché obligataire s’oriente vers une phase de stabilisation relative, mais les signaux envoyés par la dernière adjudication du Trésor témoignent d’une tension persistante sur le court terme. Comme le résume BMCE Capital Global Research, l’équilibre entre financement public et conditions de marché reposera dans les prochains mois sur une gestion fine de la liquidité et une confiance maintenue dans les perspectives macroéconomiques.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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