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Gaz butane : trop brûlante, la facture des subventions !

La bonbonne de gaz butane de 12 kg vendue 50 dirhams à l’épicerie, coûte en réalité plus du double. Depuis le début de l’année, l’État a supporté en moyenne 53,5 dirhams sur chaque bouteille de gaz. Les dépenses de subvention du prix du butane à la consommation s’élèvent à 167 milliards de dirhams depuis 2012. Même au ministère des Finances, on reconnaît que la situation est intenable à terme et qu’il va falloir accélérer le démantèlement de ces subventions.

Pendant longtemps, le simple fait d’envisager une réduction des subventions des prix de produits dits de «première nécessité», relevait presque d’un tabou. Résultat : avant la hausse de mai 2024, le prix de la bouteille de gaz butane de 12 kg vendue 50 dirhams à l’épicerie n’avait pas connu d’augmentation depuis 1992 ! Mais face aux contraintes de financement du chantier de la généralisation de l’assurance maladie, le gouvernement a fini par se résoudre à réinventer la politique de subventions, en commençant par le gaz butane qui, comparé au blé tendre et au sucre, est de loin le produit le plus budgétivore.

Au cours des huit premiers mois de l’année, le Trésor a décaissé 1,07 milliard de dirhams (MMDH) en moyenne mensuelle pour soutenir le prix du gaz butane. Sans cette subvention, la bonbonne de 12 kg coûterait 104 dirhams ! Sur chaque bouteille de gaz, l’État a supporté 53,47 dirhams avec un pic de 70 dirhams relevé en février.

La subvention moyenne octroyée pour une bonbonne de gaz butane de 12 kg s’est établie à 61 dirhams en 2024. L’effet de la réforme a été immédiat. En effet, les dépenses de soutien du prix du gaz butane ont enregistré une baisse de 10% en 2024 pour s’établir à 15 MMDH.

Selon le ministère des Finances, ces économies (1,7 MMDH), proviennent de l’augmentation du prix de vente de la bonbonne de 12 kg, de la croissance modérée de la consommation ainsi que de la dépréciation du dirham de 1,87% par rapport au dollar.

55% du prix de vente pris en charge par le Trésor
Le diagnostic lui, reste le même. Les subventions du gaz butane coûtent très cher au Budget. Le ministère des Finances révèle que depuis 2012, l’État y a consacré pas moins de 167,2 MMDH !
Cette politique pèse énormément sur les finances publiques, le Maroc étant par ailleurs le plus généreux en la matière, comparativement à un échantillon de pays de benchmark. Les subventions du butane dépassent 4% des dépenses publiques du Royaume. C’est le niveau le plus élevé au monde.

Le Maroc se situe bien au-dessus de la fourchette observée dans plusieurs pays subventionnant le gaz butane, tels que l’Inde, l’Égypte, l’Indonésie et la Tunisie, où les subventions oscillent généralement entre 0,20% et 3% des dépenses publiques. Les charges de la compensation du prix du gaz butane restent élevées et à terme, intenables pour le Budget, concède le ministère des Finances.

La contribution de l’État représente plus de 55% du prix de vente aux consommateurs. Les autorités sont conscientes que la « stratégie du canon » actuelle, celle qui consiste à subventionner de manière indifférenciée les ménages quel que soit leur niveau de revenu, n’est pas la plus efficace. Ce sont les classes moyennes urbaines A et B+ qui consomment le plus gros volume du gaz butane subventionné.

En général, le schéma est le suivant : une bonbonne pour la cuisine, une pour la salle de bain, et au minimum, une autre bouteille en stock. Par ailleurs, le détournement du gaz butane par les agriculteurs situés en zone irriguée est un secret de polichinelle sur lequel les pouvoirs préfèrent fermer les yeux.

La consommation a triplé
Selon le schéma envisagé, le démantèlement des subventions du gaz butane devrait s’étaler sur 3 à 5 ans afin de sécuriser le financement de la généralisation de l’assurance maladie. Un premier élagage est intervenu en mai 2024 lorsque la bouteille du gaz butane de 12 kg vendue 40 dirhams est passée à 50 dirhams.

Cette première augmentation serait en principe suivie d’une série de quatre séquences afin d’arriver à dégager des marges de manœuvre budgétaires. De janvier à août 2025, la consommation de gaz butane s’est élevée à 154,85 millions de bonbonnes de 12 kg. Janvier, avril et mai constituent la «haute saison» de la consommation avec un volume de 20 millions de bonbonnes.

À l’inverse, les niveaux les plus faibles ont été observés en août avec un niveau équivalent à 17,57 millions de bouteilles, en juin (18,42 millions) et en février avec un niveau de 18,55 millions de bonbonnes. Depuis le début des années 2000, la consommation nationale de gaz butane a quasiment triplé, plaçant le Maroc parmi les plus grands marchés mondiaux.

Cette croissance accélérée s’explique par la croissance démographique, l’urbanisation, la forte accessibilité du produit et l’amélioration des conditions de vie. En 2024, 235,7 millions de bonbonnes de 12 kg, soit une hausse de 1,5 million de bonbonnes en un an.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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