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Étude «Value of Acceptance» de Visa : le Maroc prêt à accélérer sa révolution du paiement digital

La digitalisation des paiements n’est plus un pari mais une réalité économique au Maroc. L’étude «Value of Acceptance» de Visa met en lumière un marché mûr, où les usages progressent, les freins reculent et les bénéfices se confirment. Derrière cette dynamique, l’objectif d’accélérer la modernisation du commerce et de renforcer l’inclusion financière.

Le Maroc est prêt à franchir un nouveau palier dans sa transition vers le paiement digital. L’étude «Value of Acceptance», présentée par Visa lors d’une table ronde médias, confirme que le Maroc affiche désormais une maturité suffisante pour généraliser les paiements digitaux dans le commerce de proximité. Une évolution structurelle, appelée à redéfinir les habitudes de paiement et à soutenir la croissance économique du pays.

Une transition bien amorcée
Les chiffres de l’étude sont sans équivoque. Six entreprises marocaines sur dix utilisent déjà les paiements digitaux depuis plus de trois ans, et deux tiers des commerçants interrogés affirment préférer cette solution au cash, notamment pour des raisons de praticité, de sécurité et de gestion de trésorerie. Mieux encore, 67% des dirigeants de TPE et PME considèrent que la digitalisation de leurs transactions contribue directement à la croissance de leur activité.

«Le Maroc n’est plus au stade de la découverte du paiement digital. Il est prêt à passer à l’échelle supérieure», souligne Sami Romdhane, directeur général de Visa Maroc. «L’écosystème s’est structuré au fil des ans autour d’une infrastructure monétique solide, d’une meilleure connectivité et d’un niveau de confiance en nette progression».

Cette confiance s’est construite dans le temps, portée par la modernisation du système bancaire et la montée en puissance de solutions comme le paiement sans contact ou les portefeuilles électroniques interopérables. Pour Visa, cette évolution place désormais le pays dans une position favorable pour accélérer la transition vers une économie plus digitale et plus formelle.

Le cash, encore bien ancré
Pour autant, l’étude rappelle que le Maroc n’a pas encore tourné la page du cash. 42% des entreprises interrogées fonctionnent toujours exclusivement en espèces, et le cash représente encore 63% de l’ensemble des transactions au niveau national.

Cette persistance s’explique par une série de freins que Visa identifie clairement. 42% des commerçants jugent les frais liés au paiement digital encore trop élevés, 38% disent rester attachés au confort du cash, et 25% citent le coût d’installation et d’entretien des équipements comme barrière principale.

Le digital, un investissement rentable
Au-delà des perceptions, les chiffres montrent que le digital crée de la valeur. Près de 70% des commerçants affirment avoir vu leur chiffre d’affaires progresser après avoir adopté le paiement par carte, et 64% constatent une hausse du trafic client.

Pour 91% des répondants, l’expérience de paiement par carte est jugée satisfaisante. Autrement dit, l’acceptation du paiement digital n’est plus perçue comme une dépense, mais comme un levier de croissance. Une logique que Visa entend renforcer en accompagnant les acteurs du commerce de proximité dans la transition.

«Chaque transaction digitale génère de la transparence, de la sécurité et de la traçabilité, autant de facteurs qui renforcent la compétitivité des petites entreprises», explique Sami Romdhane.

Des bénéfices économiques tangibles
L’étude met également en lumière l’impact macroéconomique de la digitalisation. Selon la Banque mondiale, citée par Visa, une augmentation de 5% par an des paiements digitaux sur une période de cinq ans pourrait réduire l’économie informelle de 11% à 13%. Le PIB des pays africains concernés pourrait, quant à lui, croître de 3% à 5%, tandis que la productivité du secteur des services progresserait de 10% à 15%.

Ces chiffres confirment que la transition vers le paiement digital dépasse le seul cadre commercial et constitue un véritable moteur de formalisation économique et d’inclusion financière. En favorisant la traçabilité et la sécurité, les transactions digitales participent à une meilleure intégration des acteurs informels dans le tissu productif national.

Un marché mûr, un moment décisif
Visa souligne également que le moment est propice. La croissance du tourisme, l’évolution rapide de l’écosystème local et l’organisation d’événements mondiaux majeurs au Maroc créent un contexte favorable à l’expansion du paiement digital. Ces dynamiques s’inscrivent dans une logique d’attractivité économique et de modernisation des infrastructures de services.

Pour Sami Romdhane, il s’agit d’un «momentum unique», «le Maroc se distingue par la convergence d’une vision institutionnelle claire, d’un tissu économique entrepreneurial et d’une société de plus en plus connectée. Ce contexte ouvre la voie à une adoption de masse du paiement numérique, à condition de poursuivre les efforts collectifs sur la formation et la confiance».

Vers un écosystème inclusif et compétitif
L’enjeu dépasse donc la technologie. L’étude «Value of Acceptance» identifie trois leviers essentiels pour accélérer l’adoption, la réduction des coûts, la formation et la sensibilisation des commerçants, ainsi que le renforcement de la sécurité des transactions.

Ces dimensions s’articulent autour d’une vision d’écosystème, où banques, opérateurs télécoms, fintechs et régulateurs jouent un rôle complémentaire. In fine, le Maroc semble prêt à franchir un nouveau palier dans la digitalisation de ses paiements.

La dynamique enclenchée depuis plusieurs années place désormais le pays dans une trajectoire de convergence avec les standards internationaux. Si le cash reste dominant, les comportements évoluent rapidement, portés par la confiance, les bénéfices économiques tangibles et une volonté collective d’inclusion financière.

Méthodologie

L’étude «Value of Acceptance» a été réalisée par Visa afin d’analyser en profondeur la perception, l’usage et les impacts économiques des paiements digitaux auprès des commerçants marocains. Conduite en 2025, elle s’appuie sur un échantillon de 260 entreprises réparties entre Casablanca, Rabat et Marrakech.

L’enquête a ciblé des propriétaires et gérants de magasins opérant principalement dans le commerce de détail et les services de proximité. La structure de l’échantillon reflète fidèlement la composition du tissu entrepreneurial marocain, dominé par les très petites entités. Près de six répondants sur dix sont issus de microentreprises, un cinquième de petites entreprises et le reste de nano-businesses.

Ce panel permet de dégager une vision représentative des réalités du terrain et des freins encore présents à l’adoption du paiement digital. L’étude évalue plusieurs dimensions clés : le niveau d’équipement des commerçants, leur rapport à la sécurité, leurs attentes en matière de coûts, ainsi que l’impact du digital sur le chiffre d’affaires et la fréquentation client.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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