Marché obligataire : la stabilité domine, mais les taux longs s’ajustent

Porté par une liquidité bancaire plus confortable et une politique monétaire stable, le marché obligataire a affiché des signaux contrastés au cours de la semaine écoulée. Le repli du déficit de liquidité a favorisé la détente des taux courts, tandis que la courbe des rendements s’est légèrement redressée sur les maturités longues, témoignant d’une phase de réajustement technique plutôt que d’une tension structurelle.
La courbe des taux s’est légèrement redressée, marquant un retour à un biais haussier sur les maturités longues. Le marché de la dette a connu une semaine rythmée par un double mouvement, une détente du déficit de liquidité bancaire et une tension modérée sur la courbe des taux. D’après le rapport hebdomadaire de BMCE Capital Global Research (BKGR), la semaine passée a été marquée par un comportement contrasté entre le court terme, solidement ancré autour de 2,25%, et le moyen-long terme, légèrement orienté à la hausse.
Un allègement de la liquidité qui conforte la stabilité monétaire
Le déficit de liquidité bancaire s’est allégé de 2,87%, pour s’établir à 137,5 milliards de dirhams (MMDH), selon BKGR. Cette amélioration résulte notamment d’une progression des avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib, passées de 56 à 75,9 MMDH avant d’être ramenées à 72,56 milliards pour la semaine suivante.
Parallèlement, les placements du Trésor ont reculé à un encours maximal de 10,9 MMDH, contre 21,3 milliards précédemment. Dans ce contexte d’abondance relative de liquidités, le taux moyen pondéré (TMP) s’est maintenu à 2,25%, en ligne avec le taux directeur, tandis que le MONIA (indice de référence au jour le jour) s’est légèrement replié à 2,24%.
Pour BKGR, cette stabilité confirme que la politique monétaire reste efficace dans son rôle d’ancrage des taux courts, tout en préservant la fluidité du marché interbancaire.
Forte demande sur le 2 ans
Sur le marché primaire, la séance d’adjudication du Trésor a révélé une préférence nette pour la maturité 2 ans. Sur un total de 12,95 MMDH proposés, seuls 5,6 milliards ont été levés, soit 43% du montant initialement visé. Le taux limite s’est établi à 2,44%, traduisant une hausse de 7,1 points de base par rapport à la précédente adjudication.
Les maturités courtes, notamment les 13 et 52 semaines, n’ont pas attiré de souscriptions significatives. Cette sélectivité illustre, selon BKGR, le positionnement des investisseurs sur la partie intermédiaire de la courbe, où le rendement reste attractif au regard du risque, dans un contexte de stabilité monétaire et d’inflation maîtrisée.
Retour d’un biais haussier sur le secondaire
Le marché secondaire a connu une tendance haussière généralisée sur la semaine. Les taux des maturités longues ont progressé de manière marquée : +6,98 points de base sur le 15 ans, +5,48 points sur le 10 ans et +5,20 points sur le 2 ans.
Cette remontée s’explique par une combinaison de facteurs, à savoir la prudence des investisseurs avant la fin du cycle d’adjudications d’octobre, le calendrier de financement du Trésor encore chargé, et des tombées obligataires élevées qui génèrent des réinvestissements sélectifs.
La courbe secondaire s’établit désormais à 2,41% sur le 2 ans, 2,90% sur le 10 ans et 3,19% sur le 15 ans, confirmant un léger raidissement de la structure des taux. BKGR souligne que ce mouvement haussier reste contenu et s’inscrit dans une logique de réajustement technique, plus que d’inquiétude sur les fondamentaux macroéconomiques.
Sur le compartiment de la dette privée, l’activité reste mesurée mais significative. CIH Bank et Crédit Agricole du Maroc ont procédé à plusieurs émissions de certificats de dépôt. CIH a émis sur des maturités d’un à cinq ans, avec des taux variant de 2,47% à 2,95%, tandis que le Crédit Agricole du Maroc a placé une ligne à 3,10% sur cinq ans. Ces niveaux confirment l’existence d’un spread positif entre la dette privée et les emprunts d’État, reflétant une prime de risque maîtrisée mais persistante.
Perspectives
À court terme, Bank Al-Maghrib devrait maintenir une posture prudente en réduisant marginalement ses injections de liquidité à 72,56 MMDH. Ce léger ajustement, selon BKGR, devrait maintenir le TMP autour de 2,25%, renforçant ainsi la stabilité de la partie courte de la courbe.
Le marché obligataire devrait rester calme, porté par un allègement du déficit de liquidité et une demande toujours soutenue sur les maturités intermédiaires. La partie longue, en revanche, pourrait conserver un biais haussier modéré, tributaire du calendrier de financement du Trésor et de la gestion des tombées à venir.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO







