Éco-Business

Gestion d’actifs : les sociétés de gestion confirment leur rôle moteur

Entre reprise économique et transformation du marché des capitaux, les sociétés de gestion d’actifs franchissent un nouveau cap en 2024. Encours record, diversification accrue des véhicules d’investissement et encadrement réglementaire renforcé marquent une année de consolidation pour un secteur devenu incontournable dans le financement de l’économie réelle.

Dans un contexte de reprise économique et de regain de confiance sur les marchés financiers, les sociétés de gestion d’actifs confirment en 2024 leur rôle central dans l’écosystème du marché des capitaux. À travers une progression significative des encours, une diversification continue des véhicules d’investissement et un encadrement réglementaire renforcé, le secteur affiche des fondamentaux solides, en phase avec les ambitions de développement durable du marché financier national.

Une dynamique soutenue portée par les OPCVM
Selon le rapport sur la stabilité financière, à fin 2024, l’actif net global des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) s’élève à 653,2 milliards de dirhams, enregistrant une hausse remarquable de 16,7% en une seule année.

Cette croissance, qui dépasse celle observée en 2023, s’inscrit dans un environnement marqué par la baisse des taux d’intérêt, le rebond de la Bourse de Casablanca et la montée en puissance des investisseurs institutionnels à la recherche de rendements ajustés au risque. Les 524 OPCVM gérés à fin décembre 2024 se concentrent majoritairement sur les compartiments obligataires court terme et monétaires, qui représentent ensemble plus de 60% de l’actif net total.

Cette prédominance traduit la préférence persistante pour des produits liquides et à faible volatilité, dans un environnement encore empreint de prudence. Le secteur de la gestion d’actifs est aujourd’hui composé de 20 sociétés de gestion d’OPCVM, auxquelles s’ajoutent trois sociétés de gestion d’OPCI (Organismes de placement collectif immobilier), cinq sociétés de gestion de Fonds d’investissement alternatifs (FIA), ainsi que deux dépositaires agréés.

Cette architecture témoigne d’un effort continu de structuration, accompagné par un encadrement rigoureux assuré par l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC). L’institution poursuit d’ailleurs son travail d’encadrement, notamment par l’intégration de la gestion sous mandat dans le projet de refonte de la loi relative aux OPCVM. En parallèle, une mission de contrôle a été menée en 2024 auprès des sociétés de bourse et des teneurs de comptes-titres afin d’évaluer l’état de cette activité encore en expansion.

Un levier de développement pour le financement de l’économie
Au-delà de la gestion collective, le segment de la gestion sous mandat continue lui aussi de s’affirmer comme un levier important du marché. Il représente désormais un encours de 133,5 milliards de dirhams, en progression de 6,9% sur un an. Les investisseurs institutionnels, compagnies d’assurances, caisses de retraite et organismes publics, demeurent les principaux donneurs d’ordre, confortant la place de ce type de gestion dans les stratégies patrimoniales de long terme.

Cette activité, qui requiert un niveau élevé de personnalisation et de suivi, bénéficie également d’un environnement réglementaire plus clair, dans la perspective d’une convergence vers les standards internationaux. Le dynamisme des sociétés de gestion dépasse les seuls indicateurs d’encours.

En 2024, les revenus issus des commissions de gestion atteignent 2,1 milliards de dirhams, en progression de 13,6%. Cette performance traduit non seulement l’effet de la croissance des encours, mais aussi une meilleure diversification des produits offerts aux clients institutionnels et particuliers.

À travers leur rôle d’intermédiaire entre l’épargne et l’investissement, les sociétés de gestion contribuent au financement de l’économie réelle, notamment via leur exposition aux titres de créances privés, aux bons du Trésor et aux actions cotées. Le développement de nouveaux véhicules d’investissement, tels que les OPCI et les FIA, ouvre également la voie à un élargissement des sources de financement pour les entreprises et les infrastructures.

Une trajectoire à renforcer
Malgré ces avancées notables, le secteur reste confronté à plusieurs défis. Le besoin d’élargir la base des investisseurs particuliers, de renforcer la culture financière et d’approfondir les marchés secondaires demeure important.

Par ailleurs, l’intégration croissante des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les politiques d’investissement exigera des adaptations stratégiques et opérationnelles des sociétés de gestion. Enfin, l’émergence de la fintech et la digitalisation des services financiers poussent les acteurs à rehausser leur modèle de distribution, avec une attention croissante portée à l’accessibilité, à la transparence et à la traçabilité des opérations.

En tout cas, les sociétés de gestion confirment en 2024 leur ancrage stratégique au sein du système financier national. Porté par des encours en croissance, un encadrement en évolution et une demande institutionnelle soutenue, le secteur se positionne comme un pilier essentiel de l’investissement collectif et un levier puissant de financement à long terme. Pour maintenir cette dynamique, il devra poursuivre ses efforts d’innovation, de gouvernance et d’ouverture à de nouveaux profils d’investisseurs.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



Instruments de paiement : qu’en pensent nos banquiers ?


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page