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Maroc-UE : Bon coup pour la marocanité du Sahara

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE incluent désormais le Sahara dans l’accord agricole. Décision qui doit être bientôt adoptée par le parlement européen et devrait ouvrir la voie à un accord de pêche équilibré.

Confortant la position marocaine, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont adopté, hier, à Bruxelles, une décision d’adaptation de l’accord agricole avec le Maroc en y incluant les provinces du sud. Une bonne entrée en matière qui balise le terrain à la conclusion d’un nouvel accord de pêche plus juste qui n’achoppe plus sur l’écueil territorial. Selon une source européenne, ladite mesure s’inscrit dans l’esprit de la décision de la Cour de justice de l’UE sur l’accord de libéralisation des produits agricoles et autres du 21 décembre 2016. Il consacre dans les textes l’extension des préférences tarifaires au Sahara marocain. Plus en détail, cette nouvelle décision du Conseil des chefs de diplomatie européens consolide la base juridique de l’exportation vers l’UE des produits issus des provinces du sud avec des préférences commerciales et tend à favoriser le développement de ces régions. Les ministres des Affaires étrangères européens ont ainsi demandé au Parlement européen d’apporter cette décision dans les meilleurs délais. Un gage de confiance dans un partenariat arrivé à maturité mais qui est aussi appelé à passer à un niveau supérieur qui ne se dérobe plus des défis politiques. Contacté par les ÉCO, Houcine Aderdour, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel), a expliqué que cette décision serait à même de donner des garanties aux investisseurs dans le domaine agricole dans les provinces du sud. À plus forte raison, ajoute-t-il, que le potentiel existe dans la région du sud qui offre un cadre idéal (climat tropical) pour une agriculture à forte valeur ajoutée et hautement exportable. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du Parlement européen. C’est aussi à ce niveau que le Maroc doit peser de tout son poids pour contrecarrer les agissements de ses adversaires. Il est également fort probable qu’un mécanisme de suivi prenne place pour une bonne application de l’accord dans sa nouvelle version. Notamment pour s’assurer qu’il profite aux population des régions du sud.

Accord de pêche : les lignes rouges du Maroc
La vigilance est donc de mise alors que l’accord de pêche Maroc-UE a expiré ce samedi et les derniers bateaux européens (90 unités) ont dû quitter les eaux marocaines en respect des dissipations du protocole au risque de sanctions. Au même moment, des pourparlers sur le renouvellement de l’accord entre les deux parties, sont en cours à Bruxelles. Sur fonds d’optimisme, négociateurs marocains et européens sont en train de trouver les formules idoines pour un nouvel accord équilibré. Celà n’empêche pas le fait que le Maroc s’accroche à ses fondamentaux concernant le Sahara, présenté comme un point d’achoppement par la partie européenne. Une position qui trouve son appui dans le rendu de la Cour de justice européenne du 27 février dernier qui exclus les eaux du sud de l’accord. La main du Polisario et de son tuteur algérien n’est pas loin de ce basculement qui in fine nuirait beaucoup plus à la flotte européenne, particulièrement espagnole. Le Maroc n’a eu de cesse de rappeler cet état de fait y compris la contrepartie dérisoire de 40 millions d’euros par an, appelée aussi à être revue à la hausse. Les négociateurs marocains poussent vers le doublement de ce montant. En mars dernier, lors d’une sortie médiatique, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et Forêts, a mis les points sur les «i» en rappelant le bénéfice que les provinces du sud tirent de l’accord de pêche, contrairement à ce qui est colporté par les lobbies anti-accord. Il a surtout souligné que la souveraineté du Maroc est une ligne rouge quitte à annuler ledit accord. Le ministre avait également mis la question dans son contexte global en rapport avec les échanges Maroc-UE qui totalisent 35 milliards de dollars avec un déficit commercial de 7 milliards de dollars en faveur de l’UE. 


Le Polisario plus isolé que jamais

En mai dernier, la déclaration de Nicolas Bulte a eu l’effet d’une secousse chez le polisario. «Le Polisario n’a pas vocation à représenter de manière exclusive les populations du Sahara», a déclaré le représentant de l’organe qui régit, sous la houlette de Federica Mogherini, les relations diplomatiques de l’UE avec les pays non membres et mène la politique étrangère et de sécurité de l’UE. Une déclaration qui a eu son impact au sein de l’institution européenne en pleine discussion des accords d’association et de pêche avec le Maroc. Dans son argumentaire, Bulte n’a pas manqué de rappeler l’arrêt de la Cour sur l’accord de pêche du 27 février dernier, où il n’y a carrément pas mention du Polisario. C’est ce qui explique, insiste Bulte, pourquoi «l’UE considère que le Polisario n’a pas l’exclusivité de représenter les populations concernées dans le cadre d’une négociation commerciale».



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