Fnacam-Umac : Chacun pour soi, en attendant la fusion…
La montée au créneau des intermédiaires d’assurances membres de l’Union marocaine des agents et courtiers d’assurances au Maroc (Umac) n’a pas été du goût de leurs confrères affiliés à la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance au Maroc (Fnacam). Au lendemain de l’appel à la grève le 26 février de l’Umac, la Fnacam sort un communiqué dans lequel elle se désolidarise de la démarche revendicative de l’Umac.
«La Fnacam ne saurait souscrire à pareille démarche et encore moins à l’adopter car ne reposant sur aucune raison objective», peut-on lire dans le communiqué de la Fnacam, allusion ici faite à la décision du boycott de l’application Web’Inter mise en place par l’autorité de régulation, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (Acaps). Cette application, poursuit la Fnacam, est venue répondre à un besoin précis, à savoir la dématérialisation des processus d’échanges entre l’Acaps et le réseau de distribution. Le communiqué abonde sur le sujet, mettant en avant les bienfaits de la transformation numérique. «L’heure est à la digitalisation et on ne peut se permettre d’aller à contre sens des évolutions que connaît le monde. Nous devons apprendre à accompagner le changement, notamment quand il peut servir le secteur dans le sens d’une meilleure visibilité : informations partagées en temps réel entre l’intermédiaire et l’Acaps, statistiques par branche et par région, cartographie des intermédiaires d’assurance, taux de croissance par risque et par région, suppression du support papier», renchérit la Fnacam. Contacté par «Les Inspirations ÉCO», le président de l’Umac, Youssef Bounoual, nuance ces propos et tient à clarifier le sens de la décision prise par son organisation. «Sur le principe, nous sommes pour la digitalisation et la dématérialisation de l’échange d’informations. L’application Web’Inter permet juste de déclarer à l’Acaps des informations récupérées auprès des compagnies, relevant de l’état de production et de reversement. Ce serait mieux de s’adresser directement aux compagnies qui centralisent ces données. D’ailleurs, contrairement à la déclaration annuelle obligatoire avant le 30 avril, la loi n’exige aucune déclaration trimestrielle», affirme Bounoual.
À chacun sa manière..
Par ailleurs, la Fnacam rebondit à la question de la TVA qui taraude l’ensemble des intermédiaires, y compris les membres de l’Umac. «La Fnacam suit ce dossier depuis 2001. C’est une taxe que nous rejetons car elle est indue. Les discussions avec la FMSAR et la DGI sont aujourd’hui bien avancées et sommes convaincus, confortés par les résultats du benchmarking international auquel nous avons procédé, qu’une solution sera trouvée. Nous y travaillons, mais sans trop de bruit», riposte la Fnacam. Idem pour le dossier de la rémunération des prestations des intermédiaires (l’Umac réclame une révision de la commission d’intermédiation dont le niveau stagne depuis plus de 40 ans) pour lequel la Fnacam recommande d’ouvrir des négociations avec les compagnies d’assurances au lieu de s’adresser à l’autorité de contrôle. «Nous partageons les mêmes objectifs, mais chacun sa manière. Rien ne nous empêche de travailler ensemble sur les questions de la TVA et de la rémunération», estime le président de l’Umac. La nouvelle vague de revendications des intermédiaires d’assurances remet au goût du jour le débat autour de la représentativité au sein de la profession. Au moment où la Fnacam, à travers son dernier communiqué, revendique la «reconnaissance unanime du secteur», Bounoual nous rappelle que «l’Umac est un organisme connu et reconnu, siégeant dans les instances de gouvernance de l’Acaps, notamment au sein des deux commissions de la régulation et de la discipline». L’Acaps, quant à elle, a maintes fois émis le souhait de fusionner ces deux organisations pour avoir un interlocuteur unique. Interrogé à ce sujet, le président de l’Umac se montre favorable à l’idée de créer un seul corps représentatif de la profession et propose trois pistes pour y arriver. La première consiste à mettre en place un Ordre national des intermédiaires d’assurances au Maroc. La deuxième retient le scénario de la fusion mais à condition de préserver la souveraineté de l’assemblée constitutive dans la désignation des instances de gouvernance. La troisième et dernière piste préconisée par l’Umac rejette la balle dans le camp de l’Acaps, celle-ci étant autorisée à fixer les critères de représentativité conformément à la loi 64-12 à l’origine de la création du gendarme du marché de l’assurance au Maroc.