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Entreprises publiques : la machine à cash du Trésor

Le portefeuille public était composé de 272 entités dont 227 établissements publics, 45 sociétés anonymes à participation directe du Trésor, selon le décompte établi à fin septembre 2023. La réforme annoncée du rôle et de la mission de l’État-actionnaire devrait se traduire par une recomposition profonde. Ces entreprises ne devraient plus être que des apporteurs d’argent – du moins pour les plus grandes d’entre elles -, mais des acteurs de développement du pays. Elles sont déjà les premiers investisseurs du Royaume. 

En intégrant les filiales des entreprises publiques, l’État-actionnaire est directement ou indirectement présent dans 517 entreprises dont 53% ont des tours de table où il détient le pouvoir de contrôle. Dans ce total, il faut par ailleurs ajouter 21 sociétés appartenant aux collectivités territoriales qui bénéficient souvent d’un soutien financier de l’État pour leurs investissements, ou de sa garantie pour lever des emprunts sur le marché financier. Un petit cercle d’entreprises, tels que le groupe OCP, l’ONEE, RAM, le groupe CDG, l’ONCF, le groupe Al Omrane et ADM, réalisent l’essentiel des performances du secteur en termes d’investissements, de chiffre d’affaires et de transferts financiers.

On relève que les transferts des EEP vers l’État proviennent d’un nombre réduit d’organismes, lesquels constituent les principaux EEP investisseurs, enregistrant un crédit de TVA structurel. Quant à la majorité des établissements publics non marchands, de par la lettre et l’esprit de leurs mandats, ils n’engendrent pas de ressources propres en l’absence de rémunération de leurs prestations.

Cependant, ils restent pour la plupart subventionnés par l’État. Leur endettement n’a cessé de progresser au point de pousser le ministère des Finances à recourir aux financements dits innovants (une forme de leaseback). Il sont financés essentiellement par le budget de l’État. L’orientation vers laquelle tend la refondation du rôle de l’État-actionnaire est le renforcement de la contractualisation, la clarification de son rôle (ne pas se contenter de dividendes, et ne plus pomper la trésorerie de ses entreprises), l’amélioration de la reddition des comptes, la réforme du contrôle financier ainsi que celle de la composition et du fonctionnement des organes de gouvernance.

14 milliards de DH versés à l’État en 2023
Les entreprises publiques ou à participation du Trésor, du moins les grands comptes comme OCP, Maroc Telecom, l’Agence de la Conservation foncière pour ne citer qu’elles, constituent une véritable cash machine pour le l’État-actionnaire. Les transferts financiers vers le Budget se sont élevés à 14 milliards de dirhams en 2023, en hausse de 6,5%.

Ces transferts sont constitués essentiellement de dividendes et de diverses redevances. Sans surprise, les plus gros chèques émanent d’un noyau des «valeurs sûres», notamment le groupe OCP (7,4 milliards), l’Agence de la conservation foncière (4 milliards de DH) et Bank Al-Maghrib (937 millions de dirhams).

Au premier semestre de l’année en cours, le Trésor a déjà reçu 3,91 milliards de dirhams contre 3,05 milliards l’an dernier, en augmentation de 28%. Ce qui laisse penser que la cuvée 2024 devrait être encore meilleure que celle de 2023 d’autant plus que les chèques d’OCP et de Maroc Telecom ne sont pas encore tombés.

152 milliards de DH investis en 2023
Signe de leur importance stratégique dans l’économie nationale, les entreprises publiques sont, de loin, la principale traction de l’investissement dans le pays. En 2023, elles avaient investi 90 milliards de dirhams, et selon les prévisions, ce sont 152 MMDH qu’elles devraient investir cette année avec, en locomotive, le groupe OCP dont le programme est estimé à 52,88 milliards de dirhams. C’est un record historique que s’apprête à battre le leader mondial des phosphates. Viennent derrière, l’ONEE avec 15 milliards de DH, Masen, 8,74 milliards, et les Académies régionales de l’éducation et de formation et les Régies de distribution d’eau et d’électricité avec près de 6,2 milliards de DH.

Selon le ministère de l’Économie et des Finances, la valeur ajoutée cumulée dégagée par les entreprises publiques, – un indicateur qui renseigne sur leur contribution au PIB – s’élevait à près de 84 milliards de DH en 2022, en retrait de 14% en raison de grosses difficultés rencontrées par l’ONEE qui a dégagé une valeur ajoutée négative de plus de 7 milliards de DH, auxquels il faut ajouter le décrochage de 33% de la valeur ajoutée du groupe CDG.

Concernant le chiffre d’affaires de l’ensemble des entreprises publiques, les prévisions 2023 tablaient sur un montant de 305,4 milliards de dirhams, en baisse de 8%. Cette contraction s’explique, pour partie, par l’impact de la baisse des cours mondiaux du phosphate qui ont enregistré une correction technique après les records de 2022 et la baisse des revenus de TMSA.

Le groupe OCP au cœur de manœuvres stratégiques

Depuis 2020, le groupe OCP a augmenté sa participation dans la joint- venture Maghrib Hospitality Company (MHC), conjointement détenue avec le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, ainsi que ses participations dans les sociétés Société La Mamounia dont il vient de prendre la majorité, Société de gestion de l’Hôtel Michlifen, Société foncière de la lagune et Société Palais Jamai. Ces quatre entités sont aujourd’hui détenues par Maghrib Hospitality Company, respectivement, à hauteur de 52%, 80%, 82,8% et 100%.

Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO



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