Bancassurance : la vente en ligne a du plomb dans l’aile
Quelle bancassurance demain face aux défis d’aujourd’hui ? Plusieurs experts ont partagé leur vision et expérience sur ce sujet d’actualité et procédé à un tour d’horizon des enjeux majeurs que doivent relever aujourd’hui les bancassureurs.
«La transition numérique, l’exploitation de la donnée, ou encore la baisse des taux d’intérêt sont les principaux enjeux qui planent sur le secteur», explique Taoufik Lachker Hidara, DG de La Marocaine vie, à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire de l’entreprise au sein du groupe Société générale. S’y ajoutent des enjeux réglementaires imposés par la législation en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), et les obligations que cela comporte, ou encore la réglementation internationale, notamment liée aux dispositifs de Bâle 2 et 3… Autant de sujets-clés relatifs à l’avenir et d’enjeux majeurs qui planent sur le secteur de la bancassurance. En effet, le bancassureur de demain est celui qui parviendra à mettre en place un modèle relationnel omnicanal combinant l’efficacité du digital et l’expertise des conseillers en banque et en assurance. L’enjeu étant de capter la nouvelle génération dite «digital native».
Pour les opérateurs de ce secteur, une utilisation optimale de la donnée sera la clé de la réussite dans le futur. Face à une conjoncture internationale à laquelle le Maroc ne fait pas exception, marquée par la baisse des taux, les bancassureurs voient une pression de plus en plus importante s’exercer sur leurs marges. Rentabilité étant synonyme de pérennité, la stabilité de tout un écosystème se voit ainsi fragilisée. Au-delà d’un effet de mode, la RSE est un enjeu majeur pour les assureurs, qui plus que jamais, doivent jouer un rôle moteur en faveur de la société civile et l’environnement, en tant qu’employeur, assureur et investisseur responsable. D’autant plus que les compagnies d’assurance sont les premiers investisseurs institutionnels dans l’économie marocaine.
«L’enjeu de la transformation digitale n’est pas encore une réalité partout, même si cet enjeu est de plus en plus pris en compte», souligne Mohammed Tahri, directeur général membre du directoire de Société Générale Maroc.
En tant que sujet adressé par la fédération sectorielle, des études sont menées sur le terrain pour permettre de libérer les énergies en matière de distribution digitale. Selon Bachir Baddou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance, «Aujourd’hui, il y a encore quelques contraintes réglementaires à lever. C’est assez paradoxal, nous sommes le deuxième marché africain de l’assurance, le premier marché arabe en termes de taux de pénétration de l’assurance et malheureusement, nous avons quelques verrous qui font que la vente par internet ou par le canal digital souffre de quelques limitations». En fait, il y a une rupture dans la chaîne pour les ventes sur le canal digital. À un moment ou un autre, les opérateurs doivent s’arrêter et avoir un contact physique avec le client ou le prospect. Ce qui pose un réel problème.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO