Classe moyenne, le tournant
Le chef de gouvernement sort enfin de son mutisme avec une annonce concrète et sensée. Une régulation du système de contrôle des prix sur les marchés est prévue. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit, mais force est de constater que la pression de l’opinion publique a fini par payer. Le mouvement de boycott que nous vivons depuis six semaines a révélé une réalité à laquelle les gouvernements successifs ne voulaient guère faire face. Ainsi, au ras-le-bol de la rue lié à un pouvoir d’achat qui ne cesse de s’effriter, on a opposé un mutisme qui frôle le mépris ! Maintenant que la classe moyenne a décidé d’agir avec intelligence et efficacité, l’impact constaté est plus important qu’on ne le pensait.
Faut-il le rappeler au gouvernement, dans toutes les sociétés, c’est la classe moyenne qui tient les rênes de la paix sociale. Elle peut stabiliser comme ébranler. Or, chez nous, elle est le parent pauvre auquel aucun gouvernement, sur les vingt-cinq dernières années, n’a prêté attention. C’est dans cette classe qu’on subit la médiocrité de l’école publique, qui la contraint à investir dans l’éducation de sa progéniture. C’est en son sein aussi que l’on évite des hôpitaux publics qui, au fil des années, ont abandonné leur mission de service public, l’obligeant ainsi à recourir au système sanitaire privé, avec sa cohorte de dépenses.
Au Maroc, on peine encore à élaborer une offre immobilière qui lui soit dédiée. Face à cette négligence, la classe moyenne est accablée d’impôts sans réelle contrepartie. El Othmani doit donc joindre l’acte au verbe, dépasser le simple contrôle des prix pour élaborer une réelle stratégie qui fasse de la classe moyenne la soupape de sécurité du pays. Il n’a plus le choix.