Le Printemps des Alizés 2018 : Pour l’amour de Brahms !

Cette 18e édition du Printemps des Alizés a fait l’unanimité. Entre moments intimistes de musique et grands moments de partage depuis une grand’scène, le festival de la musique de chambre a rendu un vibrant hommage à Brahms et à l’amour. Zoom sur un festival pas comme les autres qui a passionné Essaouira fin avril.
Les journées défilent et ne se ressemblent pas à Essaouira. Du 26 au 29 avril, Brahms a investi les murs de la ville des Alizés et un vent passionnel a pris de court les festivaliers. Des musiciens de France et du Maroc ont partagé des moments privilégiés de musique en parcourant les répertoirs connus de la musique classique. Hommage de cette édition à Brahms et son jeu passionné, qui se situait entre le classique et le romantique. Brahms était passionné dans sa façon de jouer mais son écriture du jeu suivait les grands maîtres du classique. Plus de 300 ans plus tard, sa musique raisonne encore.
Un vent de musiciens de talent
De Dar Souiri où les formations sont réduites pour le plus grand bonheur des oreilles qui découvrent la musique classique autrement et dans la grand’salle où les orchestres sont au complet pour le plus grand plaisir des yeux, les festivaliers sont toujours ravis de ces moments de musique à Essaouira. De l’Orchestre philharmonique du Maroc à celui de Paris, les musiciens défilent, se retrouvent, se rencontrent et partagent leur passion avec le monde. «Les musiciens sont les premiers surpris du cadre des Alizés. Ils sont agréablement surpris ! Et à chaque fois, on l’est aussi, de découvrir les concerts intimistes dans ce cadre si spécial qu’est Dar Souiri», confie Dina Bensaïd, directrice artistique du festival et pianiste de talent, qui a donné un concert plein de romantisme avec Elisa Huteau au violoncelle. Les musiciennes ont parcouru Martinu, Schumann et Brahms avec grâce. Un programme sous le signe de l’amour. Pour l’ouverture du festival, Déborah Nemtanu, Dominique de Willencourt et Romain Descharmes ont donné le ton avec des trios de Brahms et Beethoven… Pour la 2e fois de son histoire, le chœur philharmonique du Maroc a su séduire Essaouira, sous la direction de Denis Comtet, et présenté un programme autour du lyrique romantique. À travers une correspondance musico-littéraire, le public a vécu l’histoire de la rencontre de Clara et Robert Schumann avec Orianne Moretti et Romain Descharmes; avant de laisser place à Roméo et Juliette par l’orchestre philharmonique du Maroc entre la version de Prokofiev et Bernstein dans les années 50 à New York. Des moments de douceur et d’émotions qui ont su rythmer tout le festival.
La jeunesse d’abord !
Le festival des Alizés ne serait pas ce qu’il est devenu sans miser sur sa jeunesse. Dina Bensaïd elle-même a grandi dans ce festival qui a contribué à faire d’elle, la musicienne qu’elle est aujourd’hui. Les matinées enfant ont permis à la jeune femme de s’exprimer musicalement très tôt, devant un public, de façon professionnelle. La directrice artistique s’en souvient encore: «Ce festival est tellement important et ces rendez-vous enfants primordiaux, m’ont tellement apporté». Plus que les matinées enfants, l’Orchestre philharmonique du Maroc a mis en place un programme Mazaya qui mise sur la jeunesse défavorisée en l’intégrant à la société via la musique. «Le phénomène de l’abandon scolaire est un véritable fléau au Maroc. Selon un dernier rapport de l’Unicef, 4 enfants sur 10 au Maroc quittent le primaire sans l’avoir achevé. Des centaines de milliers de jeunes se retrouvent aujourd’hui déscolarisés. Si rien n’est fait, ces enfants seront les exclus de demain, livrés à la misère et la délinquance». Pour ce faire, ce programme socio-culturel Mazaya a pour but d’offrir à de jeunes enfants déscolarisés et issus de milieux défavorisés, une formation combinant éducation scolaire et cursus musical professionnel, depuis 2011. «À travers le métier de musicien, Mazaya entend offrir à ces enfants démunis, une opportunité d’insertion socio-professionnelle, et fait ainsi de la musique, une arme contre l’échec, l’exclusion et la violence, un moyen de lutte contre la précarité».