Cinéma : 28 ans plus tard, Danny Boyle relance son épidémie de zombies

Après avoir redéfini les codes du film de zombies avec «28 Jours plus tard», le réalisateur Danny Boyle revient avec «28 Ans plus tard», troisième opus très attendu d’une saga qui a marqué les spectateurs.
Il est des réalisateurs de films d’horreur qui forcent le respect, même celui de ceux qui n’aiment pas le genre. George Romero, quasi-inventeur des morts-vivants à l’écran, et John Carpenter, quoique plus versé dans l’action, ont marqué le cinéma avec des séries B aux (très) petits budgets. Ils avaient un propos critique de leur société, beaucoup d’humour (noir), et le public leur en était reconnaissant — souvent avant les critiques. Danny Boyle tourne avec de bien plus gros budgets. Son propos s’égare parfois, mais son talent a éclaté en montrant la vie de toxicomanes écossais et s’est confirmé avec celle d’un «intouchable» indien.
En 2002, avec «28 Jours plus tard», il rendait un hommage appuyé à Romero, inventant un monde très britannique où une épidémie soudaine transformait les gens en morts-vivants assoiffés de sang (l’idée de zombies végans ne semble être venue à personne pour le moment, ce pourrait pourtant être une intéressante piste à explorer).
Le jeune acteur principal, Cillian Murphy, n’était pas encore la star d’aujourd’hui. 2007 voyait la sortie de «28 Semaines plus tard» («28 Weeks Later»), réalisé par Juan Carlos Fresnadillo et suite logique du premier. Avec Jodie Comer, Aaron Taylor-Johnson et Ralph Fiennes en tête d’affiche, ce troisième opus, pour lequel Danny Boyle reprend la caméra, est aussi censé ouvrir une nouvelle trilogie.
Liens familiaux sous tension
En collaboration avec Alex Garland, scénariste des deux premiers films, ce nouveau volet prolonge une vision viscérale et profondément humaine de l’apocalypse. Vingt-huit ans après que le virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire médical, le Royaume-Uni n’est plus qu’un territoire brisé, déserté et hostile.
Pourtant, la vie persiste : sur une petite île reliée au continent par une unique chaussée fortement défendue, une communauté de survivants tente de reconstruire une forme de civilisation. C’est depuis ce fragile bastion qu’un père et son fils décident de quitter leur abri pour explorer la grande île. Leur dangereux périple les confronte aux décombres d’un monde perdu et à des vérités terrifiantes. «28 Ans plus tard» est un thriller psychologique et physique, où la tension est constante et où chaque rencontre peut être fatale.
Le film plonge le spectateur dans une atmosphère angoissante, entre silence pesant, explosions de violence et révélations bouleversantes. Ce que pourrait devenir le comportement des individus lors de l’effondrement d’une société est, depuis Romero donc, le vrai sujet des films de zombies.
Avec Danny Boyle, l’insularité britannique est mise en exergue dès «28 Jours plus tard». Mais en 2025, alors que les effets du Brexit paraissent maintenant clairs aux yeux de tous, il n’hésite pas à en rajouter : les troupes européennes patrouillent au large pour contenir les foyers infectieux loin du continent.
Art maîtrisé
Filmé en décors naturels en Angleterre, à Northumberland, Newcastle, Hexham et sur l’île de Lindisfarne, le long-métrage recrée un univers désolé avec une précision glaçante. La photographie d’Anthony Dod Mantle capte les contrastes entre la beauté des paysages britanniques et la noirceur du monde qu’ils abritent.
Le montage de Jon Harris renforce la tension dramatique tandis que la musique originale signée Young Fathers mêle sons électroniques et rythmes tribaux pour intensifier la tension et le désespoir. Avec un budget confidentiel, mais une ambition artistique affirmée, «28 Ans plus tard» relance avec force la franchise. La suite, «The bone temple», est en préparation pour 2026. Les amateurs d’hémoglobine peuvent donc se réjouir.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO