Banques : les perspectives sont prometteuses
L’analyse des perspectives pour le secteur bancaire entre 2024 et 2026, issue du rapport d’Attijari Global Research (AGR), met en évidence une dynamique de croissance soutenue, mais aussi des défis importants à relever.
Le secteur bancaire est entré dans une phase de transformation marquée par des tendances à la fois positives et des défis structurels, selon l’analyse d’Attijari Global Research (AGR). L’évolution des perspectives de 2024 à 2026 met en évidence une reprise solide, soutenue par la croissance des crédits à l’équipement, une gestion plus prudente des risques et un environnement économique en mutation. Cette dynamique est appuyée par des multiples de valorisation attractifs, suggérant des opportunités d’investissement dans le secteur.
Croissance des crédits et reprise économique
En 2023, les crédits bancaires ont progressé de 5,3 %, poursuivant une tendance amorcée depuis 2022. Cependant, cette croissance est désormais principalement portée par les crédits à l’équipement, qui ont connu une augmentation significative de 10,1 % en 2023.
Cette évolution s’explique par le lancement de grands projets d’infrastructure et l’essor de la transition énergétique au Maroc, notamment dans le contexte de l’organisation d’événements majeurs tels que la Coupe du monde 2023 et des initiatives visant à atténuer le stress hydrique. AGR anticipe que cette dynamique se maintiendra sur les prochaines années, avec une croissance annuelle moyenne de 5,9 % des crédits.
Optimisation des coûts et digitalisation accrue
L’un des axes stratégiques des banques marocaines est la réduction progressive des coûts d’exploitation (COEX) grâce à une digitalisation accrue. AGR souligne que le secteur bancaire verra une baisse du COEX de 47,2% en 2023 à 44,3% en 2026, bénéficiant directement des efforts de rationalisation des frais de gestion par les institutions financières. Cette baisse continue des coûts reflète non seulement une meilleure efficience opérationnelle, mais également une réponse proactive aux évolutions technologiques et aux besoins des clients.
Gestion prudente du risque et stabilisation des taux d’impayés
Bien que les perspectives de croissance restent encourageantes, le secteur bancaire marocain adopte une approche prudente quant à la gestion des risques. Après une forte augmentation de 24,7% du coût du risque en 2023, AGR prévoit une stabilisation progressive avec une légère hausse de 6,5% en 2024.
Cette prudence s’explique par une anticipation des risques économiques, exacerbés par un contexte de reprise post-pandémie et des tensions géopolitiques globales. Toutefois, le taux du coût du risque devrait légèrement s’améliorer, passant de 132 points de base (PBS) en 2023 à 127 PBS en 2026.
Croissance des bénéfices et valorisation attractive
L’une des forces du secteur réside dans sa capacité à générer des bénéfices robustes. Les prévisions d’AGR montrent une croissance des bénéfices agrégés de 9,9% en 2024, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 7,5% sur la période 2024-2026, atteignant 19,1 milliards de dirhams en 2026.
Cette augmentation est alimentée par la bonne tenue des activités de marché et la solidité des marges d’intérêt. Les banques marocaines présentent également des multiples de valorisation attrayants, avec un ratio prix/bénéfices (P/E) de 0,79, inférieur à la moyenne historique du MASI de 0,97.
Ce différentiel est perçu comme une opportunité d’achat pour les investisseurs cherchant à se positionner sur un secteur offrant à la fois résilience et potentiel de croissance.
Vers une gestion plus conservatrice
Les banques marocaines affichent une certaine résilience face aux défis macroéconomiques. AGR prévoit que certaines institutions adopteront une approche plus conservatrice, notamment en matière de provisionnement. Le Groupe BCP, par exemple, vise une baisse de son coût du risque à 1,73% d’ici 2026, tout en poursuivant sa stratégie de réduction des coûts.
De plus, des banques comme ATW affichent une solide croissance de leur produit net bancaire (PNB), soutenue par une gestion rigoureuse des risques et des initiatives de digitalisation. Sur la période 2024-2026, ATW table sur un TCAM de 6,7% pour son PNB.
secteur bancaire aborde l’avenir avec confiance, malgré un contexte économique mondial en mutation. Avec une croissance soutenue des crédits, une optimisation des coûts et une gestion prudente des risques, les banques marocaines sont bien placées pour capitaliser sur les opportunités de marché à venir. Les multiples de valorisation attractifs renforcent cette vision positive, faisant du secteur bancaire un terrain d’investissement de choix. Les prévisions à l’horizon 2026 confirment la solidité du modèle économique marocain, tout en ouvrant la voie à de nouvelles opportunités de croissance.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO