Power-to-X : plus qu’une ambition, un chemin naturel pour le Royaume
Par Anas Raisuni,
Directeur COMMERCIAL DE VESTAS AFRIQUE DU Nord et SUBSAHARIENNE
Tandis que le paradigme énergétique était focalisé, une vingtaine d’années durant, sur la course aux économies et à l’optimisation des coûts, nous entrons, aujourd’hui, dans une ère qui nous dicte sa Loi : atténuer le changement climatique et, plus important encore -notamment depuis la guerre en Ukraine- assurer sa souveraineté et sa sécurité énergétiques !
La spécificité du secteur énergétique consiste en sa dépendance très étroite aux évolutions et révolutions technologiques. Rappelons que les plus grands groupes énergétiques dans le monde, pour certains présents sur le territoire marocain, sont confrontés à des évolutions accélérées et multiples des connaissances scientifiques, sans cesse renouvelées.
Dans un environnement international en constante et rapide mutation, ces entreprises s’ingénient à une relecture permanente des besoins et des contextes socioéconomiques afin d’adapter les process, les méthodes et les modèles dans la R&D. Ces progrès ne sont plus reconnus ou perçus comme un luxe ou un surcoût, mais représentent, au contraire, une opportunité de taille pour le Royaume. De telles technologies permettraient, en effet, à notre pays d’accéder à une énergie efficiente.
Ainsi, au cours des 20 dernières années, certaines technologies de production d’électricité matures ont progressé tandis que d’autres sont devenues obsolètes. Le solaire et l’éolien disposent encore d’un grand potentiel mais se trouvent confrontés à des défis constamment renouvelés pour améliorer leur niveau de performance.
Comme les ressources naturelles (soleil et vent) ne sont pas toujours dans l’espace-temps idoine et nécessaire, les scientifiques et technologues du secteur de l’énergie ont «creusé» pour créer des solutions avancées de transport et de stockage.
C’est là où l’économie PtX prend sens. Nul doute que la technologie PtX jouera un rôle déterminant dans la réussite de la transition énergétique, en créant une dépendance systématique aux sources d’énergie renouvelables tout en remplaçant, lentement mais sûrement, les sources de combustibles fossiles. Pour garantir le succès de cette transition, grâce au PtX, l’engagement total de toutes les parties prenantes est nécessaire.
Plus précisément, il s’agit d’aligner différents intérêts afin de réduire le profil de risque pour les investisseurs et les créanciers, et ce, en accélérant la mise en œuvre de projets pilotes, en travaillant sur la répartition optimale des risques et en renforçant le rôle de l’intégration du système.
Par ailleurs, il importe de renforcer le cadre normatif et réglementaire. Élaborer des normes techniques avancées contribuerait également à garantir la sécurité dans les opérations, fournirait des lignes directrices pour le développement de l’équipement et réduirait les tâches fastidieuses liées à la conception des solutions. Par exemple, nous savons tous gérer le gaz en raison des normes internationales convenues, mais il n’existe à ce jour aucun consensus sur l’hydrogène.
Les stratèges, fussent-ils privés ou publics, doivent trouver des solutions rapides et facilement exécutables. Enfin, j’insiste sur la nécessité de renforcer et investir dans la demande. En effet, les pionniers de l’énergie proposent, de nos jours, des solutions pour obtenir des gains d’efficacité dans les systèmes de transport et de stockage dans les secteurs publics et privés afin de créer et soutenir la demande.
Le Maroc est naturellement doté de sources éoliennes et solaires de classe mondiale et se trouve à proximité de l’endroit où la demande est la plus névralgique : l’Europe. Les autorités s’efforcent déjà d’envoyer les bons signaux à la communauté énergétique mondiale afin de positionner le Royaume comme la centrale hydrogène dans la région et la destination de choix.
La finalité est donc d’attirer le bon type et la bonne taille d’investissements. Comparé à d’autres pôles potentiels d’hydrogène, le Maroc dispose d’un meilleur facteur de capacité et de ressources en énergies renouvelables plus abondantes, nécessaires pour soutenir et développer l’écosystème de l’hydrogène.
Pour ce faire, notre pays a les cartes en main pour créer un cadre incitatif aux investissements dans le secteur de l’hydrogène et couper ainsi l’herbe sous le pied d’autres sites, clairement à plus faible potentiel, mais pouvant s’ériger en de sérieux concurrents.