Maroc

Ce que l’on sait sur le déroulement de la rentrée scolaire au Maroc

La majorité des familles a fait le choix cornélien de l’enseignement présentiel, en dépit de la situation épidémiologique. Des groupes restreints d’élèves seront constitués dès lundi prochain pour respecter la distanciation au sein des classes. Quant à la révision de la législation régissant les tarifs des établissements privés, elle sera au coeur de la prochaine rentrée parlementaire.

Lundi prochain, des millions d’élèves retrouveront les bancs d’école dans les quatre coins du Maroc. Plus de 80% des parents ont opté pour l’enseignement présentiel, malgré les chiffres effarants de la pandémie de la Covid-19. Il faut dire que la première expérience de l’enseignement à distance, marquée par nombre d’insuffisances, n’a pas été jugée concluante par les familles et les élèves. Ainsi, une lourde responsabilité incombe au ministère de l’Éducation nationale, aux académies régionales de l’éducation et de la formation et aux personnels administratifs des écoles pour réussir cette rentrée exceptionnelle et assurer la sécurité des élèves et des enseignants. Dès le 7 septembre, les établissements scolaires devront procéder à la constitution de groupes restreints, de manière à respecter la distanciation au sein des classes qui doivent accueillir entre 15 et 20 élèves. Tout dépend de la superficie des classes qui mesurent en moyenne dans les écoles publiques entre 48 et 56 m2. Compte tenu de l’engouement pour l’enseignement présentiel, il s’avère difficile de dispenser la totalité des cours au sein des établissements scolaires, comme l’a souligné Saaïd Amzazi, lors de sa dernière sortie médiatique. Les élèves ne pourront aller à l’école que trois jours par semaine pour éviter les regroupements. Sur les 30 heures de cours qui doivent être dispensés par semaine, 15 heures seront assurées en présentiel et 15 heures à distance. Dans les écoles où le nombre d’élèves n’est pas élevé, la part de l’enseignement présentiel sera plus grande.

Le privé sur la sellette
Les mêmes mesures doivent être observées par les établissements scolaires privés qui, depuis le déclenchement de la crise de la Covid-19, sont pointés du doigt par les familles. Les écoles privées seront contrôlées par des inspections relevant des ministères de l’Emploi, de l’Industrie et de l’Intérieur, à l’instar de ce qui est fait pour les entreprises. Quant au ministère de l’Éducation nationale, il n’interviendra que sur le volet pédagogique, alors qu’il est très attendu sur d’autres aspects.

Cette rentrée scolaire ravive en effet la polémique sur les tarifs des écoles privées, dont certaines auraient imposé aux élèves l’enseignement présentiel pour garantir le paiement. Pour le ministère de tutelle, la question est tranchée : c’est aux familles que revient le choix du type d’enseignement pour leurs enfants.

En outre, les écoles privées sont toutes tenues de dispenser l’enseignement à distance dans le cadre du système Massar. S’agissant de la régulation des tarifs, aucune avancée n’est enregistrée en la matière bien que les parlementaires aient insisté, lors de la dernière session parlementaire, sur l’urgence de la réforme de la loi 06-00 régissant le secteur scolaire privé. La révision de cette loi permettra de fixer un seuil aux frais de scolarité pratiqués par les établissements privés et donnera la main au ministère de l’Éducation nationale pour intervenir sur ce volet. Jusque-là, le département ministériel de tutelle n’a pas d’assise juridique pour pouvoir jouer un autre rôle que celui de la médiation entre les parents et les écoles privées.

Après l’adoption de la loi-cadre de l’éducation et de la formation, le ministère est très attendu sur cette question. Amzazi s’était engagé devant les députés à accélérer la cadence pour mettre sur les rails le texte très attendu par les familles et fortement redouté par les représentants de l’enseignement privé. Cette réforme devra être présentée lors de la prochaine session parlementaire qui va s’ouvrir en octobre. Certains parlementaires appellent à présenter le projet de loi en commission avant l’ouverture de la session automnale pour gagner du temps, d’autant plus que la vision de la réforme est fin prête, comme l’a assuré à plusieurs reprises Amzazi. Mais le processus législatif est trop long. Après l’approbation des nouvelles mesures par la commission ministérielle, le texte doit passer par l’étape fatidique du Secrétariat général du gouvernement puis par le Conseil de gouvernement avant d’être soumis au Parlement. Le projet permettra de procéder à la classification des établissements pour fixer les fourchettes des prix en fonction des services supplémentaires offerts aux élèves (transport, restauration, activités parascolaires, enseignement des langues…) ainsi que des infrastructures et de la nature des investissements. Tant que ce texte n’est pas encore adopté, la relation entre les familles et les écoles reste régie par l’offre et la demande, alors qu’il s’agit d’un secteur sensible qui doit obéir à d’autres considérations. Le ministère s’est contenté, lors de cette rentrée, d’intervenir sur le fâcheux point de l’assurance. Il a adressé une note aux directeurs des établissements d’enseignement privé qui doivent remettre aux parents et tuteurs des élèves un reçu de paiement comprenant le montant payé pour l’assurance scolaire et une copie du contrat d’assurance comportant la nature des services dont l’élève bénéficie. Aucun montant n’est fixé par la note. Mais en principe, les frais d’assurance ne doivent pas dépasser 50 dirhams, selon une consultation des cabinets spécialisés menée par le ministère de l’Éducation nationale. Or, les écoles privées facturent des montants beaucoup plus élevés. La nouvelle disposition, exigée par le département de tutelle, n’aura certainement pas d’impact sur les frais de scolarité. Mais elle s’inscrit dans le cadre du respect du principe de transparence prôné par le ministre de l’Éducation nationale.

L’enseignement à distance.
La machine n’est pas encore huilée

Le gouvernement est très attendu sur le développement du chantier de l’enseignement à distance. À cet égard, il faut plusieurs préalables pour huiler la machine et mettre fin aux dysfonctionnements qui émaillent ce type d’enseignement. Il s’agit principalement de mobiliser le financement nécessaire et d’éditer la législation y afférente. L’enseignement à distance n’est pas encore obligatoire. En effet, rien dans la loi ne l’impose aux enseignants. La publication d’un décret réservé à l’obligation de l’usage des NTIC est en vue. L’utilisation des supports numériques devra être une activité obligatoire au sein des classes, dans le cadre de la modernisation de l’enseignement. Certes, l’enseignement à distance ne remplacera pas l’enseignement présentiel. Mais l’expérience démontre qu’il est indispensable de disposer d’un dispositif de télé-enseignement efficace pour non seulement faire face aux imprévus tels que la crise sanitaire actuelle, mais aussi améliorer les acquis des élèves.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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