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Pronostics : le Maroc favori ?

Près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis le premier et unique sacre du Maroc en Coupe d’Afrique des Nations. Sept matches le séparent désormais d’un possible retour sur le toit de l’Afrique. Mais le chemin à parcourir est bien plus long qu’il y paraît, et les écueils seront nombreux. Le statut obtenu à l’issue de leur brillant parcours en Coupe du monde fait-il des Lions de l’Atlas les favoris de cette CAN ?

Quand on a fini quatrième d’une Coupe du monde, remporter la CAN suivante reste un objectif totalement envisageable. Walid Regragui ne s’en cachait d’ailleurs pas, au sortir de l’épopée qatarie des Lions de l’Atlas, en affirmant qu’il démissionnerait si les Lions de l’Atlas n’arrivaient pas a minima dans le dernier carré en Coupe d’Afrique. «Je veux arriver au minimum en demi-finale (…) Si je n’y arrive pas, je m’en irai et le nouveau coach devra continuer dans le même état d’esprit. C’est comme ça que le Maroc progressera», déclarait le technicien de 48 ans. Un discours légitime vu ce que le Maroc venait de démontrer aux yeux de la planète. Les Lions de l’Atlas, qui se heurtent régulièrement à un plafond de verre depuis leur sacre de 1976 en Coupe d’Afrique, on fait voler en éclats celui des nations africaines en Coupe du monde. Il est donc tentant pour de nombreux observateurs de s’imaginer le Maroc couronné à nouveau au soir du 11 février, mettant ainsi fin à 48 ans de disette. Abdelkrim Krimau, ancien attaquant vedette de la sélection, en fait partie.

«C’est vrai qu’on veut gagner cette Coupe d’Afrique qu’on n’a pas remportée depuis 1976. On ne peut pas s’en cacher. Vu ce qu’on a démontré en Coupe du monde, on peut être favori», déclare l’ex-international. «Maintenant, c’est la réalité du terrain qui va nous dire comment on est à partir du premier match», poursuit-il.

En effet, le passé récent et la longue histoire contrariée des Lions de l’Atlas dans la compétition (voir pages 14 à 16) poussent à quelques réserves. Les Lions de l’Atlas auront certes un statut à défendre, et des arguments à faire valoir, mais devront d’abord prendre grand soin de ne pas tomber dans le péché d’orgueil. «La CAN reste avant tout une compétition qui t’impose l’humilité», résume Reda Allali, chroniqueur, et surtout fin observateur du football marocain. D’ailleurs, l’histoire est là pour nous le rappeler : même lorsque tout semble aligné, rien n’est jamais gagné d’avance.

La CAN, une compétition décidément à part
Ce n’est pas la première fois que le Maroc est cité parmi les prétendants très sérieux au sacre, mais force est de constater que l’armoire à trophées est restée désespérément vide. Une véritable «malédiction» que le Mountakhab espère vaincre en Côte d’ivoire. Sans forcément verser dans la superstition, on se rend compte, à l’observation du palmarès de la CAN, que la compétition a rarement sacré une équipe d’Afrique du nord hors de cette région, à de rares exceptions près. Une règle tacite que seule l’Égypte a semblé en mesure de faire démentir ces dernières années, en allant s’imposer au Burkina Faso en 1998, au Ghana 10 ans plus tard, puis en Angola en 2010. Avant cela, le Maroc avait réussi pareil exploit en ramenant la Coupe d’Éthiopie en 1976. Mais qu’a-il manqué à la sélection pour reproduire cette performance ? «Il nous manquait un peu de grinta et d’expérience. Au niveau de la génération de joueurs, il n’y en avait pas beaucoup qui connaissaient l’ambiance de la CAN ou qui sont déjà allés loin en Coupe d’Afrique. Aujourd’hui on arrive avec un statut à défendre, on sera attendu», analyse Nassim El Kerf, journaliste sportif.

De son côté, Walid Regragui a régulièrement évoqué une barrière psychologique à dépasser par ses joueurs. L’aventure au Qatar a démontré que les joueurs en étaient capables, mais la CAN est aussi une compétition particulière du fait de sa place spéciale dans le calendrier. Le gros de l’effectif étant composé de joueurs évoluant en Europe, la crainte de finir la saison sur le banc peut avoir son effet perturbateur.

L’expérience, le facteur clé
Walid Regragui est arrivé en Côte d’Ivoire avec un groupe auquel il manque onze joueurs qui faisaient partie du groupe de la Coupe du monde. Ce qui ne sera pas forcément un problème, vu que la colonne vertébrale de son équipe a été reconduite.

Ainsi, au niveau des cadres, Yassine Bounou, Achraf Hakimi, Romain Saïss, Sofyan Amrabat, Hakim Ziyech, mais aussi Youssef En-Nesyri seront de la partie. Leur long vécu en sélection sera assurément un plus, vu qu’ils n’en sont pas à leur première Coupe d’Afrique. De plus, Walid Regragui, qui était titulaire lors de la dernière finale jouée par le Maroc en 2004 en Tunisie, pourra insuffler son surcroît d’expérience à son groupe.

Pourtant, relève Reda Allali, il aurait peut-être fallu se reposer davantage sur l’expérience des clubs qui ont réussi d’excellents résultats sur la scène continentale ces dernières années, notamment le Wydad (Ligue des champions 2017 et 2022), le Raja de Casablanca (Coupe de la CAF 2018 et 2021), ou encore Berkane (Coupe de la CAF 2020 et 2022), sans oublier les éléments de la sélection A’ qui a réussi le doublé au CHAN entre 2018 et 2020. «Pour une expérience des compétitions africaines, c’est peut-être là-bas qu’il aurait fallu aller la chercher», souligne Reda Allali. Il faut dire que la formule a démontré son efficacité avec la grande Égypte de 2006 à 2010 qui a beaucoup surfé sur le succès de ses clubs du Zamalek et d’Al Ahly.

Objectif 2025 ?
Sachant que la prochaine CAN aura lieu au Maroc, la question qui se pose est de savoir si ce ne serait pas plutôt là le véritable objectif de la génération que prépare Walid Regragui. «Quand on incorpore les U23, qu’on rajeunit le secteur offensif à mon avis, c’est avec une visée sur 2025. Là on aura tous les éléments alignés pour faire une grosse compétition», analyse Reda Allali.

De son côté, Merry Krimau ne l’entend pas de cette oreille. «C’est maintenant que ça se passe. Il ne faut jamais laisser les choses pour le lendemain. Il faut déjà gagner aujourd’hui, et voir ce qui se passera en 2025», insiste l’ancien attaquant international.

L’histoire lui donne raison. La CAN à domicile de 1988 n’avait pas souri aux Lions de l’Atlas (voir pages 14 à 16), et de toute évidence, le futur est trop incertain pour s’y fier. Une chose est certaine, la bande à Regragui ne fera pas dans le calcul en Côte d’Ivoire. «On va y aller pour jouer notre football, pour donner le maximum et surtout pour ne pas avoir de regret», martelait le sélectionneur en dévoilant sa liste.

Darryl Ngomo / Les Inspirations ÉCO


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