Hommage Ahmed Faras, une légende tire sa révérence

Icône du football marocain, premier Ballon d’Or africain du Royaume, capitaine du sacre historique des Lions de l’Atlas en 1976, Ahmed Faras s’est éteint à l’âge de 78 ans.
Une légende a tiré sa révérence. Avec la disparition d’Ahmed Faras, survenue le 16 juillet à Mohammedia à l’âge de 78 ans, c’est un pan de l’histoire sportive nationale qui s’est refermé. Figure tutélaire du football marocain, capitaine inoubliable des Lions de l’Atlas, premier Ballon d’Or africain du Royaume, Faras était bien plus qu’un joueur : il était un symbole, une référence. Né en 1946 dans cette même ville de Mohammedia, Faras a incarné la loyauté sportive comme peu d’athlètes de sa génération. Toute sa carrière s’est déroulée sous les couleurs du Chabab Mohammedia, de 1965 à 1982.
Pendant près de deux décennies, il a été le cœur battant de ce club, l’amenant aux sommets du football national : champion du Maroc en 1980, double vainqueur de la Coupe du Trône en 1972 et 1975, et meilleur buteur du championnat à deux reprises, en 1969 et 1973, avec seize réalisations à chaque saison.
Au total, il inscrira 127 buts pour son club, un record qui tient encore. C’est sous le maillot national que le génie de Faras a davantage fait parler de lui sur la scène internationale. Sélectionné pour la première fois en 1966, il portera le maillot à 94 reprises, inscrivant 36 buts, un autre record encore valable à ce jour. Il participe à la Coupe du monde de 1970 au Mexique – première participation du Maroc à cette compétition – puis aux Jeux olympiques de Munich en 1972, où il se distingue avec un triplé contre la Malaisie.
Trois Coupes d’Afrique des Nations ponctuent sa carrière internationale, mais c’est l’édition de 1976, en Éthiopie, qui le fera entrer dans la légende. Capitaine de l’équipe nationale, Faras mène les Lions de l’Atlas à leur unique sacre continental, jouant un rôle décisif et se voyant désigné meilleur joueur du tournoi.
L’année précédente, en 1975, sa régularité, sa technicité et son style de jeu, de même que la précision de son pied gauche, lui ont valu d’être couronné Ballon d’Or africain, une première pour un joueur marocain. Il n’était pas simplement un buteur : il était le moteur et l’âme de l’équipe. Plus que ses statistiques ou ses titres, c’est son humanité qui aura marqué durablement ses contemporains. Faras était discret, humble, enraciné dans sa communauté. Il n’a jamais cédé aux sirènes de l’exil, préférant rester auprès des siens, à Mohammedia, où il vivait simplement, loin du tumulte.
Dans un message empreint d’émotion, le Roi Mohammed VI a salué en lui un modèle de patriotisme et un exemple à suivre pour les jeunes générations. Le Souverain a rappelé son rôle fondamental dans le rayonnement du football marocain sur la scène internationale, notamment dans les années 1960 et 1970, et souligné ses nobles qualités humaines.
Aujourd’hui, le Maroc dit adieu à une légende. Mais Ahmed Faras ne disparaît pas. Son souvenir vit dans les archives du football africain, dans les chants des supporters. Il a inspiré des générations entières de jeunes Marocains passionnés de ballon rond, qui rêvent de suivre ses traces. Et à chaque prouesse de la relève – qui ne manque pas pour le Maroc, fécond en talents – tout un pays, à sa manière, lui rendra hommage.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO