Spoliation et justice
La Conservation générale foncière (CGF) est en train de mener son action d’assainissement avec fermeté et rigueur. La décision d’imposer des procurations sous seing privé lors des transactions immobilières doit mettre un terme à une vague de falsifications et de spoliations dont ont été victimes des milliers de Marocains.
En parallèle, la CGF met de l’ordre dans ses agences à travers le royaume en modernisant le système d’information et en qualifiant les ressources humaines. Cependant, cet effort ne saurait être ressenti en l’absence d’un soutien des différents intervenants, notamment ceux émanant de la justice.
À cet égard, il y a lieu de noter avec satisfaction le verdict rendu à Marrakech, où un magistrat a prononcé dix ans de prison ferme à l’encontre d’un conservateur, d’un notaire et d’un intermédiaire, tous les trois poursuivis pour spoliation foncière. D’aucuns diront que ce magistrat n’a fait que son travail. En effet, mais force est de constater que devant un laxisme dominant au niveau de la justice, des verdicts comme celui-ci sont rares.
L’impunité et la corruption donnent des idées aux esprits malveillants ; à charge pour la loi de sévir afin d’assurer que l’État de droit ne soit pas qu’un slogan ou un vœu pieux. Ces spoliateurs n’auraient jamais osé franchir le pas s’ils n’avaient été aidés par des complices au sein même de l’administration. C’est pourquoi il faut soutenir l’action administrative de la CGF ne serait-ce que par l’effet de dissuasion. Et c’est là que la justice est attendue de pied ferme : pour rétablir ordre et confiance au sein de la société.