Edito. S’adapter aux usages

La modernisation accélérée des services bancaires se heurte au taux élevé de rejet des opérations, en particulier pour les instruments dits traditionnels que sont les chèques, les lettres de change, les prélèvements…. Malgré un environnement technologique de plus en plus performant, force est de constater que ces derniers continuent de générer un volume important d’incidents.
Ce paradoxe soulève des interrogations légitimes. Si les infrastructures de paiement évoluent avec l’essor des virements électroniques, du mobile payment et des services en ligne, leur adoption ne suffit pas à garantir une fiabilité globale du système.
L’étude menée par le chercheur Mustapha Kidouch, auprès de professionnels du secteur bancaire – à lire en page 4 -, confirme les comportements inadaptés, la méconnaissance des règles et la gestion approximative des fonds comme les principaux dysfonctionnements. Les recommandations formulées par les acteurs bancaires vont dans le sens de mieux encadrer les usages et de renforcer la législation tout en investissant dans l’éducation financière.
Autrement dit, il faut associer rigueur et pédagogie. La technologie ne saurait, à elle seule, résoudre des problématiques ancrées dans les pratiques quotidiennes. L’autre défi est celui de la simplification. La digitalisation ne doit pas être perçue uniquement comme un levier d’innovation, mais avant tout comme un moyen d’accessibilité et de sécurisation.
Enfin, face à l’émergence d’acteurs non bancaires et à la montée des plateformes de paiement alternatives, les établissements traditionnels sont appelés à se réinventer. Il ne s’agit pas d’abandonner les instruments classiques, mais de les intégrer à un écosystème modernisé, encadré et centré sur l’usage.
Assainir les circuits de paiement, c’est d’abord une question d’efficacité économique. Mais c’est aussi et surtout une opportunité de bâtir un système financier plus inclusif et fiable, et donc plus adapté aux nouveaux usages.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO