Opinions

Edito. Le mirage d’une reprise

5.000 emplois créés en douze mois, c’est peu, trop peu, pour un marché du travail enlisé dans des fragilités profondes. Si les indicateurs peuvent donner le change, puisque nous constatons une légère embellie de l’emploi urbain, un reflux marginal du chômage et des créations dans les services et le BTP, l’essentiel est ailleurs.

Là où les tensions sociales demeurent intactes. Là où les jeunes, les femmes et les diplômés restent en marge, englués dans un taux de chômage obstinément élevé. Là où la croissance peine à se transformer en inclusion. Encore une fois, le secteur agricole paie un lourd tribut à la sécheresse.

La disparition de 107.000 postes en milieu rural n’est pas qu’un effet climatique ponctuel. Elle met en lumière une faille structurelle, celle d’un vide stratégique face à la dévitalisation économique des territoires agricoles. Et tandis que les projecteurs se braquent sur les chiffres de l’emploi, le sous-emploi se propage dans l’ombre, révélant l’ampleur du malaise.

Créer des emplois ne suffit plus. Encore faut-il qu’ils soient durables, décents et porteurs de valeur, or ce n’est pas ce que l’on observe aujourd’hui. Le salariat progresse, mais les formes précaires persistent, les déséquilibres sectoriels s’accentuent, et l’adéquation entre compétences disponibles et besoins du marché reste déficiente. Peut-on vraiment parler de reprise quand l’amélioration reste purement conjoncturelle et sans ancrage structurel ? Même la baisse du taux de chômage, pourtant mise en avant, cache une réalité plus sombre. Celle du retrait croissant des actifs, découragés, qui ne cherchent même plus à s’insérer. Pire, le sous-emploi tend à devenir une normalité acceptée, presque intégrée dans les équilibres économiques.

Aujourd’hui, l’emploi ne peut plus être traité comme une conséquence secondaire de la croissance. Il doit devenir l’objectif central, la boussole des politiques publiques. Cela exige un changement de cap. Il faut abandonner les approches fragmentées, mobiliser des réponses intersectorielles et, surtout, inscrire chaque investissement dans une vision de long terme.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO



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