Edito. Le défi du remplacement

En 2025, l’État marocain verse mensuellement les salaires de 576.062 fonctionnaires civils. Cela fait de lui, et de très loin, le premier employeur du pays. Mais derrière cette armée d’agents publics, on oublie presque de prendre au sérieux la transition générationnelle que l’appareil administratif peine à maîtriser.
Et pour cause, sept ministères concentrent plus de 90% des effectifs. Le seul département de l’Éducation nationale – épaulé par l’Enseignement supérieur – absorbe 38,3% du personnel civil. Or, c’est justement dans ces secteurs que les départs à la retraite s’accélèrent, posant un véritable casse-tête.
En effet, la fonction publique ne grossit plus, mais recule doucement, sous l’effet mécanique du vieillissement. Selon la Caisse marocaine des retraites, plus de 68.000 fonctionnaires feront leurs adieux à l’administration d’ici 2030. D’aucuns y verraient un soulagement budgétaire, sauf que le défi des remplacements demeure colossal.
Même les dispositifs censés retenir les profils expérimentés, comme la prolongation du départ à la retraite jusqu’à 71 ans, ne font pas recette. Pourquoi rester quand le départ est plus rentable fiscalement ? Résultat, la marge de la ressource humaine rétrécit et, en parallèle, la masse salariale continue de grimper.
En 2025, elle atteindra 180,3 MMDH, donc plus de 10,6% du PIB, soit l’une des proportions les plus élevées dans les pays comparables. En dix ans, cette enveloppe a explosé de 54%. Les augmentations promises lors des dialogues sociaux successifs ont, à elles seules, alourdi la facture de 40 MMDH.
Le gouvernement parle de «rationalisation» mais, pour l’heure, c’est surtout la démographie qui fait le ménage. Un service public, pour être efficace, doit répondre aux attentes de millions de Marocains. Et le cœur du problème n’est pas seulement budgétaire, il est stratégique. La politique de l’emploi public mérite d’être repensée, pour sortir d’une logique purement comptable et aller vers du sens et de l’impact.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO







