Edito. Impératif de performance nationale

Le paradoxe est à la fois frustrant et révélateur. Notre pays ne manque ni de chercheurs compétents, ni de financements pour stimuler l’innovation universitaire. Ce qu’il lui manque, c’est un système capable de faire circuler les moyens avec la même fluidité que les idées.
Chaque année, des projets de recherche peinent à démarrer ou s’interrompent prématurément à cause d’une bureaucratie budgétaire kafkaïenne. Les fonds arrivent tard, les démarches se multiplient et les délais rendent inopérants des budgets pourtant bien alloués.
Dans le monde académique, jusqu’à 40% des financements d’un projet peuvent rester non dépensés à la fin de son cycle, simplement parce que la mécanique administrative n’a pas suivi le rythme scientifique. Et à l’heure des grands discours sur la souveraineté technologique, la recherche appliquée ou encore l’ancrage des universités dans les écosystèmes d’innovation, cette réalité fait tache.
Elle démobilise les chercheurs, poussant certains à se tourner vers le privé, voire à renoncer à des programmes internationaux où le Maroc ambitionne pourtant de jouer un rôle accru.
C’est pourquoi l’agilité devient cruciale dans les circuits de validation des universités. Non pas par confort administratif, mais par impératif de performance nationale. D’autres pays ont su adapter leurs règles budgétaires aux spécificités de la recherche.
Ils ont compris que la créativité a besoin de souplesse et que l’innovation ne se programme pas en trimestres comptables. Il s’agit moins d’investir plus que de gérer mieux.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO