Opinions

Les fondateurs, un élément essentiel de la valorisation d’une startup

Par Benjamin Le Pendeven
Enseignant-chercheur en finance entrepreneuriale à Audencia Business School

Comment les caractéristiques des entrepreneurs sont des éléments fondamentaux et indissociables de la valorisation de startups en phase de levée de fonds. Détails.

Lors des premiers tours de table, ce n’est pas tant la startup qui est valorisée, que sa fondatrice ou son fondateur. Il est largement admis par les chercheurs et l’écosystème entrepreneurial, qu’au cours des premières années, les investisseurs s’intéressent davantage à l’équipe entrepreneuriale qu’à l’entreprise elle-même. Les différentes études académiques, parues sur le sujet, confirment que les caractéristiques propres aux entrepreneurs constituent des éléments majeurs, indissociables de la valorisation des startups, en phase de levée de fonds.

Les traits de personnalité
Sans surprise, des traits de caractère affirmés, telles que la ténacité, le leadership ou la persévérance, impacteraient la valorisation des startups de manière positive. Mais ces travaux restent toutefois peu nombreux, et à un stade encore embryonnaire.

L’expérience
Une expérience professionnelle préalable des entrepreneurs dans le management ou l’industrie agit favorablement, par ailleurs, sur la valorisation de l’entreprise. Il en va de même concernant l’expérience entrepreneuriale, les investisseurs semblant disposés à payer davantage pour une entreprise dont le dirigeant est un serial-entrepreneur. À moins que l’expérience préalable de ces fondateurs ne les dote, tout simplement, des techniques et compétences requises pour mieux négocier avec les fonds de capital-risque, au moment de la levée de fonds ? Les études en question ne tranchent pas, concernant ce dernier point, et certains travaux, minoritaires certes, tendraient même à prouver que les serial-entrepreneurs ne bénéficient aucunement de conditions meilleures, lors de leurs levées de fonds.

Le bagage académique
La nature des études supérieures poursuivies importe beaucoup, également. Une formation en management ou technologie, comme des études d’ingénieur ou de sciences dites « dures », pèse plus dans la balance. Le cumul des deux permet, davantage encore, de bénéficier d’une meilleure valorisation de l’entreprise. Cela va dans le sens des besoins privilégiés par les investisseurs en capital-risque, à savoir des doubles profils, mixant savoir-faire humain et managérial, et une connaissance, au moins basique, des technologies modernes. Les travaux empiriques mettent en évidence, toutefois, des effets modérateurs, selon les secteurs. S’il peut être rassurant, pour des investisseurs, que le fondateur d’une startup, dans les technologies spatiales, soit diplômé en sciences et en management, il n’a pas forcément à cumuler ces titres, pour la création d’un réseau de restaurants en franchise. De leur côté, les détenteurs de doctorats bénéficient aussi de meilleures conditions de valorisation financière pour leurs start-up, notamment dans les secteurs encore exploratoires et émergents sur le plan scientifique.

Le genre ?
Les femmes lèveraient-elles des fonds dans des conditions de valorisation moins favorables que les hommes ? En dépit de la controverse persistante sur ce sujet, ayant prévalu au cours des dernières années, l’impact du genre constitue un phénomène encore peu étudié, et les résultats des quelques recherches existantes ne convergent guère. Certains travaux démontrent que les femmes entrepreneurs perçoivent moins de capital, à niveau de dilution capitalistique égal. Mais d’autres études n’identifient pas d’impact du genre en général, et de la féminité en particulier, sur la valorisation des startups. En tout cas, aucune étude ne prouve clairement que les startups dirigées par une ou plusieurs femmes bénéficieraient d’un premium de valorisation, par rapport à leurs homologues dirigées par des hommes.

L’effet miroir
Les investisseurs n’oublient pas, en arrivant au bureau, leurs préférences affinitaires et culturelles. Une étude de Bengtsson et Hsu (2015) démontre ainsi qu’aux États-Unis, les similitudes entre des investisseurs et entrepreneurs de cultures et d’origines diverses, qu’elles soient japonaise, coréenne, chinoise, indienne, juive, russe, hispanique ou vietnamienne, génèrent des valorisations supérieures. Cela pourrait d’ailleurs expliquer la grande diversité ethnique et culturelle des équipes de capital-risque américaines, afin de limiter de tels biais culturels.


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