Edito. Une baisse en trompe-l’œil
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Les ajustements à la baisse du taux directeur, opérés l’an dernier, continuent de se faire ressentir sur l’économie réelle. La preuve en est que la baisse des taux débiteurs s’est poursuivie au dernier trimestre 2024, confirmant ainsi l’orientation de la politique monétaire accommodante dont les effets avaient quelque peu tardé à se manifester. Ce n’est qu’en fin d’année que les taux débiteurs (généralement adossés aux crédits) ont affiché des fluctuations légères à la baisse (5,08% au quatrième trimestre 2024).
Le coût du crédit continue donc de refluer. L’objectif affiché est de fluidifier l’accès au financement et de dynamiser l’investissement productif. Mais derrière cette embellie apparente, des disparités persistent. L’assouplissement monétaire bénéficie aux grandes entreprises, qui accèdent désormais à des financements à des conditions plus favorables.
À l’inverse, les TPME restent confrontées à un coût du crédit plus contraignant, freinant leur essor dans un environnement économique incertain. Ce paradoxe illustre une réalité bien ancrée : le risque perçu par les banques pèse davantage sur les petites structures, faute de garanties solides et de transparence financière suffisante.
Autre ombre au tableau : les crédits à la consommation résistent à la baisse, se maintenant à 6,99%. Une rigidité qui s’explique par leur nature plus risquée et par des coûts d’intermédiation élevés. Si le crédit immobilier et les prêts à l’équipement bénéficient du reflux des taux, pour la consommation, moteur essentiel de la croissance, la baisse est en trompe-l’œil. Elle reste pénalisée par des conditions d’emprunt plus difficiles.
Or, pour que la dynamique de répercussion de la baisse des taux d’intérêt sur les crédits s’intensifie, il est primordial de stimuler la concurrence bancaire, d’encourager la diversification des sources de financement et de renforcer l’accompagnement des TPME.
À défaut, la détente monétaire pourrait s’essouffler sans produire les effets escomptés. Car si l’accès au crédit s’est démocratisé, son impact n’irrigue pas encore l’ensemble du tissu économique.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO