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Edito. Prudente accalmie

L’inflation ralentit, mais le répit n’est pas encore synonyme de relance. Après deux années marquées par une hausse vertigineuse des prix, les derniers chiffres laissent entrevoir un retour progressif à la stabilité. L’indice des prix à la consommation affiche une progression de 1,1% sur les huit premiers mois de l’année. Un niveau bien inférieur aux pics de 2022 et 2023.

Pourtant, dans les foyers, la tension reste palpable. La baisse de l’inflation mesurée ne suffit pas à apaiser le ressenti des ménages. Les prix, bien que moins exorbitants, demeurent élevés. Alimentation, hôtellerie, enseignement…, certains postes continuent de progresser, affectant directement le quotidien des ménages. Et dans ce climat d’incertitude, chacun surveille les signaux venus du Conseil de Bank Al-Maghrib. Ce mardi, l’institution ne devrait pas modifier son taux directeur. Une décision attendue, mais qui soulève aussi des interrogations. Car si l’inflation recule, pourquoi ne pas en profiter pour desserrer un peu l’étau monétaire ? La réponse tient à une prudence assumée.

Pour BAM, il s’agit de s’assurer que le reflux actuel n’est pas qu’un simple repli technique, mais bien une tendance durable. Et c’est précisément cette durabilité qui fait encore défaut. Le Conseil pourrait ainsi attendre décembre pour trancher. Un délai stratégique, qui permettra de confirmer si la stabilité des prix s’installe réellement.

Dans un contexte mondial encore volatil, où les équilibres peuvent être remis en cause à tout moment, la Banque centrale privilégie une approche par étapes. Cette posture illustre une ligne de conduite claire : ne pas confondre apaisement conjoncturel et normalisation structurelle.

D’autant plus que la politique monétaire ne peut à elle seule répondre aux défis du moment. La reprise de la consommation, le soutien à l’investissement, la création d’emplois nécessitent une coordination plus large, intégrant des outils budgétaires et des réformes de fond. Il reste que, pour les ménages, la patience devient un exercice difficile. Le ralentissement de l’inflation n’a pas encore produit ses effets sur le pouvoir d’achat. Et l’espoir d’un geste de BAM en faveur d’un crédit moins cher s’éloigne, au moins pour quelques mois encore.

Dans cette période de transition, il faudra éviter les fausses lectures. Le retour vers une inflation faible n’est pas une fin en soi. Il n’est utile que s’il permet d’ouvrir un nouveau cycle. Celui d’une croissance plus inclusive, portée par une politique monétaire en phase avec les réalités sociales.

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO



Taux directeur : entre prudence et incertitude


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