Edito. La morale de l’histoire
L’opération de déclaration des biens acquis à l’étranger, menée il y a quelques années, nous avait semblé être une réussite en matière de mobilisation de liquidités pour les caisses publiques. Mais nous étions encore loin d’imaginer l’ampleur que pourrait atteindre une telle initiative sur le plan national.
La dernière opération d’amnistie fiscale vient de déjouer toutes les prévisions. Avec pas moins de 100 milliards de dirhams déclarés en 24 heures, l’administration fiscale a non seulement dépassé ses objectifs, mais surtout offert une surprise économique de taille.
Sur ces 100 milliards, les recettes nettes du Trésor s’élèvent à cinq milliards de dirhams. Une manne inespérée, dans le contexte actuel ! Mais au-delà des chiffres, ce succès souligne une réalité bien plus significative : le chemin qu’il nous reste à parcourir en matière de transparence. Si ces opérations permettent de dévoiler des flux jusque-là invisibles, elles révèlent également la persistance d’une économie souterraine de taille conséquente.
L’économie informelle, à elle seule, représenterait près d’un tiers du PIB national. Cela nous pousse à réfléchir à la façon dont ces fonds ont pu être accumulés et dissimulés, mais surtout à ce que cela signifie pour la culture de la conformité fiscale chez nous.
Ce succès laisse place à une double surprise : d’abord, la mobilisation massive des contribuables témoigne d’une certaine volonté de régularisation. Mais il y a aussi un constat plus déroutant : cette volonté, bien qu’encourageante, est encore conditionnée par des incitations à court terme et des garanties de confidentialité. La peur de sanctions, combinée à des mesures attractives, semble être le moteur principal de cette adhésion.
La morale de l’histoire est simple : le potentiel à capter dans les circuits parallèles de notre économie est énorme, nous rappelant l’impératif d’un changement culturel profond. Car l’intégrité fiscale ne doit plus être une exception à acheter ponctuellement, mais une norme à intégrer durablement.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO