Edito. Flou artistique

Avouons-le, été ou pas, le marché de l’immobilier locatif est d’un grand flou artistique où le jeu de force se joue sur le prix et, hélas, pas forcément sur la qualité, ni le sérieux. Les effets pervers de l’intermédiation dans bon nombre de secteurs ont souvent été décriés, mais dans l’immobilier, le business des semsara est bien prospère. Il n’y a pas de règlement, mais il y a des règles. On n’y applique pas de référentiel, mais des benchmarks approximatifs des transactions.
L’improvisation bat son plein et le «café» du semsar – qui correspond à pas moins d’un mois de loyer- s’avère bien amer pour le locataire pressé. Une anomalie ? C’est bien plus que cela : un système bondé d’aberrations. Et tant pis si les couacs juridiques qui en découlent gonflent le volume des dossiers litigieux devant la justice.
Au moment de recourir au semsar, le plus urgent n’est-il pas de trouver un bien ? Alors, pourquoi se soucier de «détails» comme les conditions générales du contrat ? La machine législative aurait dû mettre fin à ces pratiques. Et elle y parviendra, vraisemblablement, à condition de réanimer le projet de loi attendu depuis 2014.
On pourra alors rêver d’un marché transparent, avec des agents certifiés, des garanties équilibrées et un portail national des offres locatives. Sauf que l’informel, ici, n’est pas un plan B mais bel et bien le plan A ! Et tant qu’il y aura des toits à louer et des locataires désorientés, le flou persistera.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO