Affaire d’État
L’axe Rabat-Madrid-Paris est sur un sable mouvant. Et pour cause, l’affaire du Sahara s’invite pour la énième fois dans l’accord agricole signé avec l’Union européenne. L’on sait que la plus haute juridiction européenne a cassé le jugement de la Cour européenne pour couper la poire en deux. Or, les interprétations et autres jurisprudences des uns et des autres risquent de porter un coup fatal aux relations du Maroc avec certains pays du Vieux continent. Ainsi, même si Rabat n’a pas réagi officiellement, la dernière sortie du ministre des Affaires étrangères espagnol ne passe pas au Maroc.
Le gouvernement ibérique a beau expliquer que la position officielle de l’Espagne n’a pas changé, le mal est fait. Car si le chef de la diplomatie n’assimile pas les enjeux de cette affaire et ne maîtrise pas les lignes conductrices de la diplomatie de son pays, c’est très grave. C’est pourquoi l’on ne croit pas aux regrets exprimés par Madrid. En revanche, Paris, qui sait que l’affaire du Sahara est une affaire de vie ou de mort pour le Maroc, a pris les devants. Son ministère des Affaires étrangères a ainsi transmis une note à tous les euro-députés français. Il leur rappelle l’intérêt particulier qu’accordent tous les Marocains à la question du Sahara, insistant au passage sur le rôle crucial du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Deux aspects par lesquels l’Espagne est plus concernée que la France, mais qui n’en fait apparemment pas une priorité. Une position qui pourrait incessamment impacter, de manière directe, son statut de premier partenaire en matière d’échanges commerciaux.