Préscolaire : quel financement en vue de sa généralisation ?
Le Maroc continue de réaliser des progrès remarquables en matière d’extension de l’offre de services de préscolaire, avec un taux de scolarisation, au niveau national, qui a connu une amélioration significative pour atteindre 72,5% au titre de l’année scolaire 2019-2020, contre 45,3% en 2017-2018. Mais voilà, cet élan a été freiné par la crise sanitaire. Le ministère de l’Économie et des finances, celui de l’Éducation nationale et l’Unesco se sont penchés sur le dossier, en menant une étude sur le modèle de financement de l’enseignement préscolaire. Étude dont les résultats ont été présentés jeudi dernier.
Jeudi 17 mars 2022, Rabat a abrité un atelier de restitution des résultats d’une étude sur le modèle de financement de l’enseignement préscolaire au Maroc. Cet atelier, organisé par l’UNICEF, en collaboration avec le département de l’Éducation nationale, s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le ministère de l’Économie et des finances et l’UNICEF, pour la mise en place de finances publiques sensibles aux droits des enfants, avec le soutien de l’Union Européenne. L’occasion d’examiner les divers scénarii pouvant être appliqués dans le Royaume pour relancer l’enseignement préscolaire, qui a été sérieusement affecté par la crise sanitaire. En effet, il n’est plus à démontrer, aujourd’hui, que l’investissement dans la petite enfance représente la plus grande «rentabilité» pour la société.
Une couverture universelle à l’horizon 2026-2027
Dans le cadre des engagements du Maroc relevant du chantier de la généralisation du préscolaire, un programme national dédié a été, d’ailleurs, lancé avec la loi-cadre 51-17, adoptée en 2019, pour permettre d’atteindre une couverture universelle au profit de tous les enfants, à l’horizon 2026-2027. Dans ce sens, le Maroc continue de réaliser des progrès remarquables pour ce qui est de l’extension de l’offre de services de préscolaire. Le taux de scolarisation du préscolaire au niveau national a, ainsi, connu une amélioration significative pour atteindre 72,5% au titre de l’année scolaire 2019-2020, contre 45,3% en 2017-2018. Le pourcentage de scolarisation des filles s’est également amélioré, passant de 41,6% en 2017-18 à 68,9% en 2019-20. Mais voilà, cet élan a été freiné par la crise sanitaire.
En effet, à la rentrée 2020-2021, l’effectif total des enfants inscrits en classes de préscolaire s’est établi à 875.313, en baisse de 90.451 par rapport à 2019-2020. Près de la moitié (48.6%), soit 425.148, étaient des petites filles. Bien que le nombre total des scolarisés du préscolaire ait connu une légère régression annuelle (-2,1%) -laquelle s’explique par les conséquences de la crise sanitaire-, la répartition par type a démontré que l’enseignement préscolaire public a joué un rôle important dans l’atténuation de cette situation, passant de 209.111 en 2019-2020 à 290.334 en 2020-2021, (+39%).
Le préscolaire privé a enregistré, pour sa part, un repli d’environ 15% pour s’établir à 181.639 en 2020-2021, contre 212.773 un an auparavant. L’enseignement préscolaire «non-structuré» a affiché, quant à lui, une baisse d’environ 30%, en partie en raison de la politique menée par le département de tutelle qui vise à réhabiliter ce type d’enseignement. Le nombre de bénéficiaires y est passé de 446.014, à 312.889 en un an.
Implication de plusieurs départements ministériels
Dès lors, les résultats de l’étude sur le modèle de financement de l’enseignement préscolaire, objet de l’atelier, ont montré que le Maroc pourrait disposer d’un modèle de coût et d’une stratégie de financement associée pour permettre un accès universel équitable à l’enseignement préscolaire, conformément à la Stratégie nationale de généralisation de l’enseignement préscolaire, mise en œuvre par le ministère de l’Éducation nationale. Nous reviendrons en détail sur les recommandations de l’étude ainsi que sur les modèles de financement adoptés, qui seront mis en œuvre pour permettre d’atteindre une couverture universelle au profit de tous les enfants à l’horizon de l’année scolaire 2026-2027.
Mais rappelons, d’ores et déjà, que le projet de mise en place de finances publiques sensibles aux droits des enfants a été initié en 2019. Il couvre quatre axes visant à faciliter la mise en place d’une budgétisation sensible à l’enfance par les différents départements ministériels, à savoir : l’intégration de la dimension enfance au niveau des budgets des départements ministériels à travers un appui technique pour des finances publiques sensibles à l’enfant ; le renforcement des capacités de l’ensemble des intervenants sur les finances publiques sensibles à l’enfant ; la mise en place de comptes nationaux de l’enfance permettant d’avoir une vision claire sur la situation de l’enfance au Maroc ; et enfin l’appui aux travaux d’analyse des finances sectorielles et de costing/modélisation ainsi que leurs implications au niveau national et territorial.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO