Maroc

Politique de logement : «Nous commençons à atteindre le fond du panier»

Nabil Benabdallah, Ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville

Comment voyez-vous l’évolution du secteur de l’immobilier et du logement au Maroc dans le cadre de ce nouveau quinquennat ?
Sur l’ensemble des catégories et des chantiers sur lesquels nous travaillons, nous commençons à atteindre le fond du panier. C’est le cas en ce qui concerne le logement social ou encore le programme sur les bidonvilles. C’est comme lorsqu’on commence un régime, les premiers kilogrammes sont toujours plus faciles à perdre, le reste est très difficile à éliminer. Cela demande de l’assiduité et de la discipline. Il en est de même concernant les problèmes les plus ardus dans l’habitat et le logement. Il subsiste aujourd’hui des problèmes juridiques, des désaccords importants, des habitudes dont on a du mal à se débarrasser et plus l’on avance sur ces questions plus la lutte devient dure et délicate.

C’est ce qui expliquerait le ralentissement dans certaines villes de la croissance sur le logement social ?
En effet, sur le logement social, notamment sur le segment à 250.000 DH, nous avons satisfaits toutes les couches qui pouvaient acheter et investir dans ce produit. Nous devons maintenant trouver des solutions pour ceux qui ont moins de revenus ou pas du tout. Ceux et celles qui ne peuvent pas y accéder et qui n’ont pas la capacité de le faire. Ainsi que ceux pour lequel ce produit ne répond pas aux besoins. Cette situation explique le ralentissement, dans certaines villes de l’activité du segment social. Le rush que nous avons connu durant ces dernières années sur ce type de produits n’est plus au rendez-vous. Notre démarche consiste aujourd’hui à réfléchir sur les moyens d’aller vers ce fond de panier. La tâche ne sera pas de tout repos car c’est lorsqu’on s’attaque à ce genre de questions que l’on trouve le plus de résistance. Nous réfléchissons à la mise en place des mesures d’accompagnement nécessaires.

Vous vous fixez comme objectif la construction de pas moins de 800.000 logements dans le cadre du programme gouvernemental. Est-ce suffisant ?
Nous nous sommes fixé comme objectif d’atteindre 800.000 logements sur 5 ans. Lorsqu’on sait que nous réalisons actuellement environ 170.000 logements par an, cet objectif nous semble raisonnable dans un horizon de 5 ans. Il faut préciser qu’il s’agit de l’ensemble des logements qui seront construits durant cette période incluant non seulement l’auto-construction mais aussi les grands projets immobiliers, le logement social, celui pour la classe moyenne ou encore les bâtiments en R+3 dans lesquels vivent jusqu’à quatre familles. Selon nos projections, cet objectif nous permettra de réduire le déficit en logements en passant d’un besoin de 400.000 unités actuellement à environ 200.000 dans 5 ans. D’ailleurs, si l’on analyse la réduction du déficit durant ces derniers quinquennats, nous nous rendons compte que l’on est passé d’un manque d’1,2 million de logements à 840.000, puis à 400.000 actuellement. Cela confirme par ailleurs la difficulté à supprimer les derniers obstacles lorsqu’on s’approche de ce fond de panier. Les prochaines réductions se feront donc plus lentement. C’est pour cela que nous nous sommes fixés sur les 120.000 ménages en bidonvilles à supprimer, une réduction à hauteur de 50%.

Votre département prend désormais sous son égide à la fois l’habitat, l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Quel apport pour le secteur ?
Il s’agit de deux approches complémentaires pour faire avancer le secteur vers les objectifs fixés par le programme du gouvernement. La gestion de ces deux pôles par le même département permettra d’avancer sur de nombreux dossiers qui pouvaient connaître des difficultés auparavant. Prenons comme exemple le chantier du logement pour la classe moyenne. Nous pouvons dans ce cas jouer sur de nombreux types d’incitations. Si nous n’arrivons pas à appliquer des incitations fiscales, nous pourrons ainsi aller vers d’autres types de leviers, notamment des incitations d’ordre urbanistique. C’est le cas pour d’autres dossiers également.

Il faut dire qu’avec cette fusion, vous reprenez également le chantier de la loi 66-12 qui crée beaucoup de remous auprès des professionnels. Quel sera votre mode opératoire ?
Nous sommes en train de revoir ce dossier. Ce que je peux vous dire, c’est que nous allons instaurer tous les dialogues nécessaires pour que les mesures permettant l’applicabilité de ce texte, notamment les décrets d’application, soient les plus adaptés possibles aux besoins. Il y a eu déjà des avancées sur ce dossier auparavant et nous poursuivrons les efforts à ce niveau.

Les objectifs de votre plan d’action 2012-2016 ont-ils tous été atteints, notamment en ce qui concerne le logement pour la classe moyenne ?
L’ensemble des objectifs intégrés dans la déclaration gouvernementale ont été atteints. Pour la classe moyenne, il n’y a pas eu d’engagements intégrés dans notre plan d’actions. Nous avions annoncé un chiffre comme objectif à terme, nous avons lancé un produit, des milliers d’unités ont été annoncés dans ce cadre mais nous ne nous sommes engagés sur rien. Aujourd’hui, nous ne sommes certes pas satisfaits, mais nous travaillons sur l’amélioration de ces questions. Nous avons tenu des réunions avec Al Omrane qui est partie prenante dans ce chantier. Nous avons la ferme attention de lancer une nouvelle approche concernant le logement pour la classe moyenne.



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